Le service pédiatrique de l’hôpital de Trinité accueille des enfants et leurs parents dans la vétusté
Que se passe-t-il au service pédiatrique de l’hôpital de Trinité ? Les nourrissons, les enfants et leurs parents séjournent dans des chambres vétustes. Certains choisissent malgré tout de se faire soigner à l’hôpital Louis Domergue parce qu’ils n’habitent pas loin, d’autres sont redirigés par la MFME qui ne peut les recevoir faute de place.
C’est une réalité bien visible que l’on constate au service pédiatrique de l’hôpital de Trinité. Les bâtiments se dégradent les uns après les autres. Une impression de laissé à l'abandon pour le personnel soignant.
Déborah Germain, infirmière puéricultrice, partage ce ressenti.
Là, on est dans une chambre qui peut accueillir un bébé avec un berceau, un lit à barreaux et un lit d'accompagnant pour le parent. Dans celle-ci, on a quand même la salle de bain personnelle, individuelle. Par contre, au niveau des murs, on est sur un état insalubre de la peinture qui s'écaille, de fissures dans les murs, de prises électriques qui ne sont pas aux normes. Quand le soleil est dans la chambre, il fait très chaud. Pareil, on est obligé de demander aux familles d'apporter des ventilateurs personnels pour pouvoir avoir un petit peu d'air frais. On travaille dans ce contexte-là tous les jours
Un pourrissement volontaire ?
Un contexte difficile et pourtant, régulièrement, le surplus de patients de la MFME sont redirigés vers l'hôpital de Trinité, qui a en son sein les derniers lits de pédiatrie de Martinique. De nombreux parents sont stupéfaits de l'état des chambres.
Le personnel, il y en a à dire, très accueillants, et tout. C'est vrai que les chambres sont un peu laissées à l'abandon. Ce n'est pas normal. Même les toilettes aussi, elles sont un peu crades. Impossible que j'aille me baigner là. Non. Je préfère rester comme je suis, mais me baigner, non. C'est trop crade.
Pourquoi les travaux ne démarrent toujours-t-il pas ? Beaucoup ont le sentiment que la rentabilité prend le pas sur la santé de la population.
Valère Bourgade, secrétaire général adjoint CGTM Santé, a un avis bien tranché sur la question.
Je pense que c'est une volonté de l'État de laisser pourrir la situation et puis, dans très peu de temps éliminer ce bâtiment. Il n'existe plus et que les gens, leur volonté, c'est de faire la MFME absorber toute cette problématique.
Pourtant, un terrain de cinq hectares a été mis à disposition depuis plus de dix ans pour la reconstruction de l'hôpital par Louis-Joseph Manscour, l'ancien maire de la ville. Mais aucun travaux n’a démarré depuis.
Peut-être y a- t-il trop d'établissements hospitaliers sur le territoire ? Peut-être ne sont-ils pas rentables ? À l'heure où l'on combat les déserts médicaux, plusieurs questions restent sans réponse.
La direction du CHU que nous avons contactée dit nous réserver un retour très prochainement.
À ÉCOUTER Le reportage complet d'Erika Govindoorazoo