Serge Letchimy réagit à la décision du tribunal sur le créole : « C’est un acte instituant »
Le président président du Conseil Exécutif, Serge Letchimy, considère la décision du tribunal administratif comme un « acte instituant » et espère ouvrir le dialogue avec le gouvernement.
Le tribunal administratif de Schœlcher a rejeté ce mercredi (4 octobre) un recours du préfet de Martinique qui demandait la suspension d'une délibération de la Collectivité Territoriale de Martinique reconnaissant la langue créole comme langue officielle, au même titre que le français.
Pour le président du conseil exécutif de la CTM, il ne s'agit pas d'une victoire mais d'un moment qui doit rester solennel.
Je ne prends pas cela comme une victoire, je prends cela avec beaucoup d’humilité. La langue est donc reconnue et nous avons un dialogue à ouvrir avec l’Etat. J’aurai préféré que ce soit dans le dialogue et la construction que l’on puisse permettre que ce symbole fondamental pour le peuple martiniquais soit reconnu définitivement
Serge Letchimy qualifie la décision du tribunal « d’acte instituant et de dignité » et considère qu’elle permet d’« imprimer une réalité dans l’Histoire et dans notre quotient »
C’est la suite de tout un combat qui s’est poursuivi dans une résilience et une résistance incroyable sur le plan linguistique et qui a donné lieu à cette langue. C’est aussi un hommage que nous rendons à tous les militants et qui se sont battus pour cette cause ; Mais aussi aux élus qui ont continué à œuvrer pour qu’on puisse reconnaitre la langue créole aux côtés de la langue créole
Affirmer une identité
Pour le président du conseil exécutif de la CTM, il faut désormais dépassionner ce débat pour une réelle collaboration avec le gouvernement français sur ces questions.
Je considère dommage qu’on soit obligé d’arriver à la justice. J’espère véritablement que demain le gouvernement finira par prendre conscience de la nécessité de conjuguer une appartenance à une République dans l’égalité, tout en étant nécessaire d’exprimer une différence et de faire visiter notre identité dans sa réalité
Le préfet de la Martinique avait saisi le tribunal administratif d’un recours tendant à l’annulation de l’article 1er de cette délibération, dont il conteste la légalité. Jean Christophe Bouvier a parallèlement saisi le juge des référés afin que celui-ci, dans l’attente du jugement au fond du tribunal administratif, prononce la suspension provisoire de cet article.
Le préfet fait appel
Le tribunal a estimé que l'article en question ne constitue qu’une simple mesure préparatoire à la transmission à la Première ministre, à la présidente de l’Assemblée nationale et au président du Sénat de la proposition de modification de loi adoptée par l’Assemblée de la Martinique.
Ainsi, le juge des référés en a conclu que l’article 1er est dénué de toute portée normative et ne peut pour cette raison être contesté devant le tribunal administratif.
De son côté, Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique, fait appel de cette décision.
Pour Alex Ursulet, avocat de la CTM, la décision du Tribunal est à la hauteur du" courage", selon lui, de la délibération prise par la Collectivité.
C’est une décision très courageuse du tribunal administratif de la Martinique, qui aurait pu se défausser sur une décision totalement juridique en déboutant la CTM
Il s’agit ici d’un combat pour la République et non contre cette dernière, selon l’avocat.
C’est le préfet qui a refusé la délibération, ce n’est pas la CTM qui a ouvert les hostilités. Je considère que le combat juridique est terminé. Ce n’est pas un combat contre la république, c’est un combat pour la République. Afin d’instituer une relation entre la Martinique et la République. Qui répare à la fois les maladresses de la République dans la relation avec la Martinique et les atrocités qui ont été commises au nom de la République vis-à-vis de la Martinique
Alex Ursulet soutient qu’une décision doit être prise par le Président de la République, Emmanuel Macron.
Cette décision prise par le président Letchimy de ne demander l’autorisation à personne de dire que la langue créole est partie intégrante de notre ADN est fondamentale. Je crois qu’il appartient au président de la République d’accepter de mettre en place les modalités de la reconnaissance d cette langue comme langue officielle aux côtés du français.
Comme les couleurs rouge vert noir qui flotte au-devant de tous les frontons de la République, sans porter atteintes aux couleurs de la République qui sont le bleu blanc rouge