Assises : « oui, j’ai couché avec Aude Jean-Alexis », les « révélations de Patrice Monthieux
La cour d’Assises s’est intéressée hier (lundi 18 septembre) à la personnalité de l’accusé puis l’a interrogé sur les faits et la journée de la disparition du 15 novembre 2017. L’accusé a livré une version inédite à la barre. Compte rendu d’audience.
« Je ne suis pas la personne que vous dites, Madame ! » À la barre, Patrice Monthieux répond fermement à l’avocate générale qui essaye de lui faire dire qu il choisissait que des femmes vulnérables.
Avec une belle élocution, le quadragénaire a pris la parole hier matin pour se présenter, après que l’enquêteur de personnalité a ouvert les débats. L’accusé passe en revue son incarcération qu’il vit très mal. Victime de menaces et d’agressions, il ne comprend pas ce qu’il fait en prison car il est innocent. « J’attends de rentrer dans mon foyer pour recommencer ma vie et me reconstruire ».
Cette prise de parole est également l’occasion de s’expliquer et de se défendre sur des dérapages comportementaux. Il nie en bloc les accusations de viol ou d’agression sexuelle sur deux femmes, mais reconnaît et regrette la dispute violente avec son ex-compagne. Il s’en veut encore d’avoir fait du mal à l’amour de sa vie.
Face au ministère public, l’homme est agacé, la magistrate le pousse dans ses retranchements devant certaines incohérences de son récit.
Réponse glaçante de la mère
À nouveau, Patrice Monthieux manifeste ses problèmes de mémoire. Un peu plutôt, c’est sa mère qui était venue se confier à la barre.
La septuagénaire décrit la réalité apocalyptique de sa vie et celle de sa famille : divorce, perte de sa fille, son fils en prison. Elle implore la cour de la prendre elle aussi.
Son fils, surnommé « pied de crapaud » est décrit comme « un homme bosseur, généreux qui avait peu d’amis ». Cette maman l’affirme : cette affaire l’a plongée dans la honte et a même réussi à la rendre malade. Elle comprend la douleur de la mère d’Aude Jean-Alexis et lui lance un regard compatissant. « faites comme moi : pleurez chaque jour même 15 minutes »,
Maitre Ursulet, l’avocat de la défense, lui demande : « votre fils a-t-il enlevé, séquestré et tué Aude Jean Alexis ? ». Réponse: « non jamais ! Il me l’aurait amenée, à moi, je les aurais mariés car j’ai perdu ma fille ».
Une réponse qui abasourdit les parties civiles.
Il clame son innocence
L’après-midi de ce 4ème jour de procès s’est poursuivi avec les témoignages des parents d’Aude Jean-Alexis qui ont évoqué leur difficile quotidien sans leur fille.
La mère et le père de la jeune femme de 22 disparue depuis 2017 attendent enfin des réponses sur ce qui s’est passé et souhaitent l’enterrer dignement si elle a effectivement été tuée.
Mais, hier, Patrice Monthieux, interrogé sur les faits, a continué de clamer son innocence. Semblant parfois confus, il n’a pas craqué lors de son audition.
Secoué par le président de la Cour, l’accusé joue la carte des trous de mémoire. Il indique n’avoir pas répondu à l’appel à témoins à l’époque car il avait des problèmes personnels, n’avait pas de permis de conduire et était sous contrôle judiciaire.
Interrogé sur le lieu où il a déposé Aude Jean-Alexis, il est, une fois de plus, évasif. Ses différentes versions, lors de l’instruction, ne correspondent pas aux preuves vidéos. En dernier lieu hier, il affirme l’avoir déposée à Petit-Bourg.
Une version inédite à la barre
Mais, ce qui a surtout marqué le 4ème jour d’audience hier, ce sont les « révélations » de Patrice Monthieux au sujet de sa relation avec la victime.
Pour la première fois, il indique à la barre avoir eu des relations sexuelles avec Aude Jean-Alexis et des amies. Ce qui expliquerait la présence de son ADN sur une paire de menottes.
Selon ses dires, ils auraient couché deux ou trois fois ensemble à son domicile, profitant de l’absence de sa femme. Pour justifier le sang retrouvé sur les menottes, il dit les avoir utilisées un soir avec Aude et deux de ses copines. Il avait bu du champagne, assure-t-il.
La Cour l’interpelle sur l’identité des amies. Il soutient qu’il ne connaissait par leurs noms. Le président n’y croit pas et continue son interrogatoire. Mais l’accusé rester ferme.
Se tournant enfin vers les parents de la victime : « je ne suis pas coupable ! Oui, j’ai menti sur l’intimité que j’ai partagé avec Aude. Toute cette histoire m’a fait perdre la tête. Je ne suis pas coupable, je n’ai ni enlevé, ni séquestré ou encore tué Aude ! », lâche-t-il à nouveau.
« Je pourrais le répéter 10 fois ou 1000 fois, personne ne me croira ! ». Il éclate en sanglots.
Réactions contrastées des avocats
Des deux côtés de la barre, les réactions sont contrastées à l’issue de cette nouvelle audience pesante.
Pour Me Alex Ursulet, l’audition de son client sur les faits était attendue depuis longtemps.
Il était temps qu’il soit interrogé et que l’on arrête cette mascarade. Il y a une espèce de chasse à courre organisée contre lui qui fait que, dès qu’il dit quelque chose, on soutient le contraire. Oui, il a fait cette erreur de dire pendant l’instruction « non, je n’ai pas couché avec Aude Jean-Alexis ». C’est ce qui fait qu’il est en détention depuis 4 ans
Me Murielle Renar-Legrand, avocate des parties civiles, retient, elle, le témoignage des parents de la jeune Martiniquaise.
Un moment de grande émotion puisqu’ils ont fait part de leur souffrance de ne pas savoir le sort réservé à leur fille, de ne pas avoir récupéré son corps et de ne pas avoir d’endroit où se recueillir. Le père d’Aude s’est adressé directement à Patrice Monthieux mais cela n’a pas eu l’effet escompté. On a eu droit à une énième version
Le procès reprend ce mardi à 8h.