Banque alimentaire : la demande explose !
Il y a 3 jours, le président des Restos du cœur annonçait limiter le nombre de bénéficiaires cette année, faute de moyens pour répondre à la vertigineuse hausse des demandes. Une crise inédite qui touche l’ensemble des associations de solidarité dans l’Hexagone. La situation n’est pas la même en Guadeloupe, mais une augmentation galopante de la demande qui interpelle.
50€ et 18 centimes, c’est la somme qu’Aurélie doit débourser ce mercredi matin. Elle a encore du mal à s'y faire, mais depuis un mois, cette mère de famille de 32 ans, sans-emploi depuis le Covid, n'a pas d'autre choix que de faire une partie de ses courses dans cette épicerie solidaire du quartier de Bellecour à Baie-Mahault.
Mon mari travaille, mais le salaire n'est pas top, top. Même si on est au SMIC, mais il faut payer le loyer, il y a des choses à payer et des fois, on n'arrive pas à faire face pour pouvoir pallier les choses de la vie.
Comme elle, ils sont de plus en plus nombreux à solliciter l'aide alimentaire pour vivre décemment.
9 000 bénéficiaires supplémentaires
22 000 personnes cette année, soit 9 000 de plus enregistrés en l'espace seulement de deux ans en Guadeloupe. Une explosion qui frappe de plein fouet les familles monoparentales, les retraités aux maigres revenus, mais aussi les jeunes à la recherche d'un emploi, comme cet ancien étudiant de 21 ans, fraîchement diplômé, dont nous tairons le nom pour préserver à sa demande sa dignité.
J'étais étudiant quand j'ai commencé à bénéficier de l'épicerie. Ça fait un peu plus d'un an et actuellement, j'ai fini mes études. Je suis au chômage et justement, l'épicerie me permet encore de manger jusqu'à la fin du mois. Sans l'aide de l'épicerie solidaire, ça aurait été très compliqué. Comme les deux ou trois mois qui sont passés, je n'ai pas pu venir puisque je n'avais pas de véhicule. Je ne pouvais pas venir faire mes courses et ça a été très compliqué durant les trois mois qui sont passés de pouvoir manger confortablement.
Près du double des denrées redistribuées
En réalité, c'est l'ensemble du territoire national qui est touché par cette montée de la pauvreté. Après l'appel à l'aide lancé dimanche par les Restos du Cœur, c'était au tour de la Croix-Rouge et des banques alimentaires de tirer la sonnette d'alarme auprès du gouvernement et des acteurs de la grande distribution. Une crise sans précédent dont est épargné notre territoire, affirme Marcel Sigiscar, trésorier adjoint joint de la banque alimentaire Guadeloupe.
Quand nous faisons une collecte, nous avons une générosité qui se multiplie, ce qui fait que nous pouvons encore avoir suffisamment de dons, de denrées pour ça. Par ailleurs, nous avons lancé des appels aussi à projet avec l'État pour l'alimentation saine, à savoir avec des agriculteurs. Nous achetons des produits frais que nous redistribuons, ce que nous avons eu une aide exceptionnelle de l'État après Fiona, parce qu'il faut dire que nous avons réagi très rapidement après Fiona.
Aujourd’hui, cette aide exceptionnelle permet à la Banque alimentaire d'acheter des denrées fraiches pour les redistribuer auprès des CCAS et des épiceries solidaires. À la fin du mois d'août, 429 tonnes de denrées alimentaires ont été distribuées. Elles représentaient 299 tonnes l'an passé à la même période.
Afin de pouvoir garantir ce service au mieux, la Banque alimentaire a pour projet d’agrandir ses locaux afin de regrouper l’ensemble des denrées alimentaires. À ce titre, ils ont reçu cette semaine une lettre d’intention de la Région qui leur propose un terrain aux Abymes d’ici 2027.