[Série musique traditionnelle 2/5] Une nouvelle vision du Gwoka par Rosan Monza
Pour le second épisode de la série sur les musiques traditionnelles Antillaises, c’est le son des Ka qui retentit, véritable osmose entre les danseuses et danseurs, et les musiciens. Mais ce style de musique, vieux de plus de 200 ans, est-il encore au goût du jour ? Rosan Monza, chanteur Gwoka de renommée, revient sur l’histoire de ce style et sur la manière dont il essaie de le maintenir en vie, à l’instar de Winny Kaona avec la Biguine.
Que serait la musique guadeloupéenne sans le Gwoka ? Ce style de musique, dont l'inspiration provient de sonorités africaines, est la source de l’inspiration de la plupart des musiques antillaises d’aujourd’hui. Son éclosion se fait en parallèle avec le Blues américain, « Tout commence pendant la période de l’esclavage, les prisonniers africains se motivent pendant leurs labeurs en chantant et dansant », explique Rosan Monza, chanteur de Gwoka.
Il a découvert le style via son grand père, qui lui a appris comment se servir des Ka, les tambours traditionnels. Rosan Monza est l’interprète de cinq albums de Gwoka, depuis 2009.
Parmi ses faits d’armes, on retrouve le culte « Klordékon », dénonçant l’utilisation de l’insecticide éponyme, ou encore « Peyi An Mwen », véritable ode à son archipel.
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Pour lui, le style est voué à évoluer, en s'adaptant aux nouvelles sonorités « quand je fais du Gwoka, j’essaye de le faire de manière originale, j’appelle cela le Gwoka évolutif » insiste-t-il, depuis des siècles, cette musique traverse les générations, « je ne suis ni le premier ni le dernier à essayer d’y apporter des changements, avant que j’arrive dans la musique, des artistes ont déjà ajouté les Chachas aux instruments joués » ajoute le musicien.
« C’est une musique vivante, qui évolue avec le temps »
Comme toute musique traditionnelle et ancienne, l’intérêt qu’elle suscite se dépeint. Mais pour Rosan Monza, tout n’est pas perdu, « C’est une musique vivante, qui évolue avec le temps, par exemple, un des nouveaux mouvement du Gwoka moderne, c’est le Gwoka évolutif, donc je suis le fervent défenseur. Dans mes derniers albums, J’ai chanté le Gwoka en apportant un air harmonique».
Dernièrement, l'artiste originaire de Basse-Terre s’est affilié à un groupe basé à Paris, « Ancestral Ka » qui allie la musique électronique, au Gwoka, liant deux générations de la musique, l’alchimie, se fait, et est efficace « ce qui m’a permis d’adhérer à ce mouvement, c’est la volonté d’attirer un autre public qui s’éloigne des musiques traditionnelles » affirme Rosan Monza.
De par l’histoire de sa création, le Gwoka est une musique qui est affilié à un tempérament rebelle, qui est à contre courant, « c’est une musique identitaire » appuie fièrement le chanteur. Grâce à ce trait, le mouvement a encore de beaux jours devant lui, Rosan Monza en est certain « il faut que ses défenseurs se mettent au diapason d’une modernité sans se démettre d’une originalité » conclue-t-il.