Des arbres plantés pour sauvegarder la construction tradionnelle de la yole
Sous le patronage de l'Unesco, des arbres utilisés dans la fabrication des yoles rondes ont été plantés au François.
Quatre espèces boisées locales ont été plantées pour la confection des yoles et gommiers au stade municipal du François, hier (lundi 17 juillet 2023).
Face au constat de la perte significative d'espèces naturelles boisées en Martinique, la ville du François et l'Association Entreprises et Environnement ont initié le projet “un plant pour la yole, yo lé fey !”. Il s'agit de planter sur tout le territoire des espèces locales nécessaires à la construction de ces embarcations traditionnelles de Martinique.
Poirier, lépini, bois côte, acajou, chacune de ces espèces possède sa spécificité sur la yole. Dominique Petit, responsable de l’école de voile, apporte des précisions.
"Lépini, il sert à faire des mâts. Le bois cote, il sert à faire des mâts aussi. Lépini est plus léger. Ensuite, on a le poirier qui permet de faire des membrures où on trouve les foukas. Ça fait une grande partie de la yole. L'acajou, c'est qui permet de faire l'étambot. Aussi, l'étambrai, c'est là où on met le mât. Et les emplantures. L'emplanture, c'est ce qui empêche au mât de bouger. Dans le langage local, c'est ça, « bo » et «Tot tibo » et « tot gombo », explique Dominique Petit, responsable de l’école de voile du François.
15 ans d'attente
Après les explications place désormais à la plantation.
"On remonte un peu le niveau du trou avant de mettre le plant. Ça permet de défoncer la terre en dessous pour que les racines puissent aller. Le poirier qui rentre dans la construction de la yole est de plus en plus dur à trouver", fait observer Marcelino Hayot, responsable de la pépinière Château Gaillard.
Ce projet a pour objectif d’éveiller les consciences des yoleurs sur la protection de la biodiversité des forêts.
"Aujourd'hui, les yoles de compétition doivent répondre à un certain nombre de critères, et notamment des critères de légèreté qui font qu'effectivement, on s'éloigne un peu de tout ce qui est naturel. On parle de carbone dans la yole, etc. Et c'est vrai que ce n'est pas l'idéal, mais c'est ce qui permet d'aller plus loin et plus vite. Nous sommes dans un paradoxe qu'il convient de travailler pour trouver le juste milieu, faire les choses de manière à ce qu'on ne soit pas nuisible pour la nature", constate Alain Claude Lagier, vice-président de l’association la yole de Martinique au patrimoine de l’humanité.
A la suite de cette opération, il faudra néanmoins attendre une dizaine voire une quinzaine d’années pour exploiter ces arbres à la confection des yoles .