Impact des sargasses sur la corrosion des métaux : premier pas vers un dédommagement ?
Ce lundi (19 juin), une étudiante de l’Université des Antilles a présenté une thèse qui établit la corrélation entre la décomposition des sargasses et la corrosion des métaux. La publication de ce premier document scientifique est un début d’espoir pour les associations de riverains exposés. Les assurances sont plus réservées.
« Ce quartier, c’était un petit paradis, on avait vraiment de la chance d’habiter là ». Mais, depuis 12 ans, le « petit paradis » a bien changé, lourdement impacté par les échouages massifs et réguliers d’algues sargasses.
Au milieu d’un quartier quasiment désert en ce mardi après-midi, Sylvie Bécrit, présidente de l’association des riverains des quartiers Petite France et Baie du Simon au François, ne cesse de crier à l'aide.
Ici, on a fermé l’école, décrit-elle mais tous les gens qui habitent autour se demandent ce que l’on fait pour eux. Les maisons sont invendables. Des propriétaires essaient de vendre mais leurs maisons sont invendables, qui va venir habiter dans un quartier pareil ?
Mobilisée depuis plusieurs années pour dénoncer les nuisances pour les riverains, Sylvie a, pour la première fois, une lueur d’espoir, même si elle est encore mince.
Des espoirs mesurés
Lundi, une étudiante de l’Université des Antilles a soutenu une thèse prouvant scientifiquement le lien entre décomposition des sargasses et la corrosion des métaux. En clair : les impacts directs sur l’électroménager, la robinetterie, les véhicules, les climatisations…
Les objets prennent une couleur bleutée, ça se fait vraiment en très peu de temps. J’ai refait toute ma salle de bain il y a trois quatre ans, j’avais pris du haut de gamme en robinetterie et le robinet est déjà en train de se dégrader
Tous les deux à trois ans, cette Franciscaine, comme d’autres habitants, change son téléviseur.
Si cette première étude ouvre une voie, Sylvie est consciente que ce n’est pas encore suffisant pour espérer obtenir un dédommagement.
Le problème, c’est que l’aspect perte de matériel, tout ce qu’on a perdu depuis 12 ans, n’a jamais été envisagé. Dans le plan sargasses 2, dans le GIP en train d’être mis en place, on nous dit on va mettre des filets et tout ira mieux mais ceux qui ont perdu toute leur robinetterie, leur toiture, on fait quoi ? Ce sont des sommes énormes, aucune évaluation des dégâts n’a été faite. Les assureurs ne fonctionnent qu’avec des décrets du gouvernement
Du côté des assureurs justement, la prudence et la patience sont de rigueur, malgré la présentation de cette étude scientifique lundi. Pour eux, il s’agit de ne pas créer de faux espoirs car les dédommagements se heurtent aux définitions légales. L’échouage de sargasses n’est pas défini en tant que catastrophe naturelle et la corrosion n’est pas garantie dans les dommages matériels.
Le phénomène sargasse étant récurrent, il ne rejoint donc pas la notion d'aléa en assurance. C’est ce qu’explique Cédric Vales, président du comité des assureurs Antilles-Guyane, évoquant les freins pour assurer les appareils électroniques et autres biens matériels.
Les garanties contre la corrosion, l’oxydation ne font pas partie des garanties d’assurances. On va trouver ces garanties sur les garanties des appareils eux-mêmes, qui peuvent avoir une garantie constructeur. Et, à ce jour, le régime de catastrophe naturelle correspond à des critères qui n’entrent pas dans le phénomène des sargasses