Décès de Micheline Myrtil à Lariboisière : l’infirmière qui l’a découverte témoigne dans « Complément d’enquête »
C’est la première fois qu’elle s’exprime. Barbara Coué qui a, depuis, quitté le secteur hospitalier, est l’infirmière qui avait trouvé cette Martiniquaise de 55 ans, sans vie, le 18 décembre 2018, lors de sa prise de service à 6h du matin.
« Un traumatisme dans sa vie professionnelle ». Pour cette infirmière, le 18 décembre 2018 restera marqué à vie. C’est ce jour-là, en prenant son service à 6 heures du matin, qu’elle découvre Micheline Myrtil, sans vie, abandonnée sur son brancard, aux urgences de l’hôpital Lariboisière à Paris.
Souffrant de céphalées et de douleurs aux mollets, cette Martiniquaise de 55 ans avait été déposée aux urgences de Lariboisière par les pompiers la veille. 12 heures allaient s’écouler entre son arrivée et son décès, dont « cinq heures sans prise en charge quelconque », entre 1h et 6h du matin.
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« Les alarmes, on les a sonnées, on a frappé aux portes, et j'ai l'impression qu'on nous laisse être des équilibristes. C'est insupportable pour moi », commente, pour la première fois, l’infirmière qui l’a découverte, dans le reportage « Quand les urgences ne répondent plus ! », diffusé ce jeudi 1er juin, par le magazine « Complément d’enquête ».
Encore très émue, elle s’exprime pour éviter que de tels drames ne se reproduisent mais aussi pour pointer du doigt la réalité des conditions de travail dans des services d'urgences en surtension.
On est habitués aux décès. Ce qui est anormal, c'est ce mur auquel on se trouve confrontés, avec un silence décisionnel, où les gens n'existent plus
Pour Me Eddy Arneton, avocat de la famille de la victime, ce nouveau témoignage diffusé par « Complément d’enquête » est « assez saisissant ».
Il y a eu une véritable souffrance chez cette femme. Elle dit ce qu’on indique depuis le début. On a un personnel soignant laissé à l’abandon d’une certaine façon. La mise en cause est formulée par la famille de madame Myrtil à l’encontre de l’AP-HP ou des cadres de l’AP-HP. Cette infirmière confirme ce que nous avons déjà constaté dans cette procédure
Il conteste la théorie avancée de « la mort inattendue ».
Le 22 décembre dernier, une magistrate du parquet de Paris a pris des réquisitions de renvoi en correctionnelle de l'AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) pour homicide involontaire à la suite du décès de Micheline Myrtil, « survenu dans un contexte de défaut caractérisé de surveillance médicale et infirmière, dans un service dont il était connu que les locaux et les effectifs soignants étaient insuffisants par rapport aux besoins ».
« Si cette succession de dysfonctionnements n'a pas directement causé la mort de la patiente, elle n'a pas empêché le décès et y a contribué », affirme le ministère public.