« La justice guadeloupéenne est meilleure que la statistique nationale », Éric Dupond-Moretti

Par 18/05/2023 - 08:11 • Mis à jour le 19/05/2023 - 06:16

Après deux jours de visite en Guadeloupe, le Garde des Sceaux était l’invité de la matinale de RCI ce jeudi 18 mai, à 7h. Que retenir de son entretien consacré à RCI ?

    « La justice guadeloupéenne est meilleure que la statistique nationale », Éric Dupond-Moretti

Avant le début de sa visite en Martinique et après deux jours passés sur notre territoire, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti nous a accordé un entretien ce jeudi matin dans notre journal de 7H.

Quelle réponse face à la violence ?

Depuis son arrivée, le ministre de la Justice a fait plusieurs annonces, notamment sur les questions de recrutement afin de rendre une justice plus efficace que ce soit pour le tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre ou celui de Basse-Terre.

Éric Dupond-Moretti a d’abord été interrogé sur la réponse judiciaire à apporter face à l’escalade de la violence sur notre territoire, et notamment chez les jeunes. Il a affirmé regarder « cette situation avec beaucoup d’intérêt ». Mais il dit ne pas s’inquiéter, car « nous donnons à la justice des moyens supplémentaires ».

Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice :

La réponse pénale doit être ferme sans démagogie, humaniste sans angélisme. Qui décide d’envoyer un jeune en prison ? Ce sont les magistrats dans le cadre de l’indépendance juridictionnelle, ce n’est pas le Garde des Sceaux. On a vu de tout hier, du carcéral indispensable, une prise en charge de mineur dans un centre éducatif fermé pour les remettre sur la bonne route. Je suis allé au SPIP (nldr : service pénitentiaire d’insertion et de probation) et nous avons vu sur place le tissu associatif qui montre beaucoup d’énergie pour remettre les jeunes dans le droit chemin.

« Toutes les réponses sont possibles et doivent être adaptées à chaque situation », a ajouté le ministre. Et pour lui, les recrutements annoncés pour septembre prochain, dont celui du coordinateur Antilles qui sera basé en Guadeloupe, auront pour rôle de contribuer à améliorer la réponse judiciaire.

Une première en France

Le coordinateur aura en charge de mettre en place le zéro papier, davantage de numérique pour soulager la charge des magistrats et greffiers, pour rendre une justice plus rapide ». À cela s’ajoutent les 2 contractuels à Basse-Terre qui auront pour mission de « réduire les stocks d’affaires qui sont en attente ».

Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice :

C’est une première nationale. Je dois dire que la justice guadeloupéenne est meilleure que la statistique nationale sur ces questions et on a réduit considérablement le nombre de dossiers en attente.

centre éducatif fermé
Visite du centre éducatif fermé de Guadeloupe. Photo : C.L

Le seul centre éducatif fermé de Guadeloupe, basé à Port-Louis, est-il suffisant ? À cette question, Éric Dupond-Moretti répond que les choses se font « petit à petit ». 

Le plan que nous portons, dans ces 100 jours c’est un plan historique. 7,5 milliards d’euros supplémentaires et un budget à 11 milliards en 2027 avec une déclinaison locale en Guadeloupe.

Dans ce budget, en plus de l’extension du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, un projet de rénovation permettra également d’avoir 70 places supplémentaires à celui de Basse-Terre. Soit 80 millions d’euros accordés par l’État pour les centres pénitentiaires de Guadeloupe.

Rétablir la confiance

La confiance en la justice fait également l’actualité en Guadeloupe. Notamment en ce qui concerne le traitement de l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone, mais aussi l’affaire Claude Jean-Pierre dite Klodo. Pour l’ordre des avocats de Guadeloupe, il faut « rétablir la confiance ». Pour le Garde des Sceaux, ce sont tous les moyens mis en place et notamment les recrutements au service d’une justice plus rapide qui permettront de rétablir cette confiance étiolée pendant « 30 ans ».

Une justice mieux dotée. Faire que ces moyens nouveaux apportent une bouffée d’oxygène pour une justice plus rapide et protectrice (…) c’est ambitieux.

Pour les affaires citées, le ministre a évoqué la séparation des pouvoirs et s’est dit contraint de ne pouvoir les commenter. Il a tout de même tenu à rappeler les efforts du gouvernement à travers les derniers Plans chlordécone.

La question d’une unité adaptée pour les prisonniers atteints de maladie mentale en prison a été aussi abordée. Il s’agit là d’une demande des syndicats qui mettent en avant les agressions sur les agents par des prisonniers qui n’auraient « rien à faire dans des prisons ».

À cela le ministre de la Justice répond :

Il manque aussi ces structures en métropole. Je conteste la parole qui dit qu’ils n’ont rien à faire en prison, s’ils sont en détention c’est parce que la justice l’a décidé. La responsabilité pénale, ça ne tient pas au hasard.

Enfin, sur les difficultés rencontrées à rendre la justice sur notre archipel avec une juridiction qui englobe Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le ministre a admis que « la justice doit être proche des justiciables ». D’où l’intérêt « d’entendre les gens sur le terrain » lors de ses échanges au tribunal judiciaire de Basse-Terre hier, car « on ne peut pas être au courant de tout. Nous allons y travailler avec les services pour y apporter une réponse ».

Ce jeudi c’est en Martinique que le ministre de la Justice poursuivra son déplacement aux Antilles. Une visite très attendue.


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