KaribioKreyol : un projet pour la sauvegarde des bêtes de race créole
Boeufs, porcs et kabri créoles sont menacés de disparition. Le projet KaribioKreyol porté par l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique aux Antilles-Guyane) et l’Institut technique de l’Elevage (ITEL), s’est donné pour objectif leur sauvegarde et le maintien de ces races.
Les gourmets le savent : la viande créole a une saveur particulière, unique en son genre. Et pourtant, bœufs, porcs et kabri créoles sont menacés de disparition. Le projet KaribioKreyol porté par l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique aux Antilles-Guyane et l’Institut technique de l’Élevage (ITEL), s’est donné pour objectif la sauvegarde et le maintien de ces races.
Depuis un an, plusieurs ateliers ont été organisés pour faire émerger des propositions concrètes. Une nouvelle rencontre entre les acteurs du secteur agricole a eu lieu récemment.
Les différents participants espèrent qu’un plan d’actions sera bientôt disponible, sorte de feuille de route pour les décideurs au niveau local et national. Le projet KaribioKreyol est financé par la Région Guadeloupe et l’Union européenne.
Jean-Luc Gourdine, ingénieur de recherche INRAE considère qu’il y a plusieurs raisons de protéger les différentes raisons de protéger nos races créoles.
Nous sommes conscients que nous risquons de perdre ces races-là. Ce sont aussi des races originales dans le sens où elles sont adaptées à nos conditions environnementales, tropicales et humides. Ce sont des races rustiques. Les bovins créoles résistent, par exemple, mieux aux attaques de tiques que les espèces venues d’ailleurs. Il en va de même pour la le cabri ou le porc créole. Et 3ème raison : ces races ont des qualités organoléptiques, au niveau du goût, supérieures aux races exotiques
Parmi les pistes de réflexion pour valoriser la viande créole et assurer des revenus aux éleveurs, l’une des propositions les plus avancées est la labellisation des restaurateurs locaux, à travers des étoiles caramboles.
Une filière à développer
L’Inrae est partenaire de ce projet porté par l’association des restaurateurs des îles de Guadeloupe. Des inspecteurs sont déjà en cours de formation, des restaurateurs se montrent intéressés. Le chef retraité Joel Kichenin explique comment ces étoiles caramboles seraient attribuées.
Une étoile, c’est déjà une cuisine authentique mais bonne. Pour avoir les étoiles, il y a une formation à suivre, à la demande du restaurateur. On va classer, labelliser 50 recettes traditionnelles authentiques. Une étoile à sa devanture. Deux étoiles, c’est déjà plus élaboré. Trois étoiles, on est dans une haute gastronomie
Christophe Latchman, agriculteur bio travaillant au Lamentin, est l’un de ces éleveurs qui se tournent vers les races créoles. Depuis un an, il possède sur son exploitation des moutons et cochons créoles et accueillera bientôt des poules gems. Comme beaucoup, il croit à l’existence d’un marché de niche.
S’il y a un marché pour le poulet de Bresse, le cochon gascon, les races en métropole qui sont un peu menacées, nous aussi, nous pouvons travailler et valoriser nos races créoles. On va conceptualiser et adapter nos systèmes d’exploitation afin de répondre aux exigences d’agro-écologie, de transition écologique, d’adaptation, de résilience, de bio-économie, on ne peut faire ça qu’avec des bêtes adaptées à notre terroir