Malgré l’inflation, le climat économique poursuit son amélioration en Guadeloupe
Mercredi 26 avril, l’IEDOM (institut d’émission des départements d’Outre-Mer) a présenté la synthèse de la situation économique et bancaire de la Guadeloupe sur l’année 2022. L’économie se redresse, les prêts bancaires sont au ralenti et les perspectives 2023 sont en demi-teintes.
Selon l’IEDOM, « l’activité économique guadeloupéenne se redresse significativement en 2022, favorisée par l’allègement des restrictions sanitaires », ce qui va dans la lignée de l’année 2021. Le climat des affaires s’améliore significativement, jusqu’à atteindre un niveau record depuis 2017, mais on note cependant un ralentissement au dernier trimestre. Dans les grandes lignes, la reprise économique se poursuit dans un contexte inflationniste.
La reprise continue
Le marché de l’emploi est dynamique, la consommation des ménages s’accélère et l’activité touristique se redresse comme le précise Thierry Beltrand directeur l’IEDOM Saint-Martin Saint-Barthélemy :
On a un nombre de touristes qui sont revenus en Guadeloupe relativement importants et on est aujourd'hui à peu près à 86 % du chiffre d'avant 2019, ce qui est de bonnes performances qu'on ne retrouve pas d'ailleurs dans l'ensemble de l'Outre-Mer. Le secteur du tourisme a été plutôt bon et avec de bonnes perspectives, malgré des craintes sur les prix des billets des avions qui ont fortement augmenté déjà.
La fin de l’année a de plus été marquée par l’affluence et la visibilité médiatique de la Route du Rhum. Et également avec la reprise des croisières. Le nombre des nuitées hôtelières augmente sensiblement sur un an avec un chiffre de +75%.
Du côté du BTP, l’on note une poursuite de l’activité avec quelques difficultés :
Notamment liées à la hausse des coûts des intrants, des matières premières. Ça, ça a quand même impacté le secteur. Également un ralentissement un petit peu à la fin d'année 2022 des crédits à l'habitat, notamment à cause des taux d'intérêt. C'est un secteur qui aussi... On voit qu'au niveau des marchés publics, un certain nombre d'appels d'offres n'ont pas abouti. Sur près de 400 appels d'offres, il n'y en a que 10% seulement qui ont abouti à ce jour, explique Thierry Beltrand.
Autre fait notable, l’activité bancaire qui ralentit. En 2022, l’encours de crédits poursuit sa croissance, mais plus lentement qu’en 2021. L’encours sain des crédits aux entreprises progresse à un rythme moins soutenu, soit +1,3% contre 7,2% en 2021. Et ce après avoir connu une croissance historique en 2020 (+24,7%). Cette évolution exceptionnelle était étroitement liée à la mise en place des PGE (prêt garanti par l’État).
Et quelles perspectives pour 2023 ?
Là encore les espoirs se reposent sur l’activité touristique à condition que l’augmentation des prix des billets d’avion n’impacte pas le secteur. C’est ce qu’explique Damion Gordon, responsable du service études et établissements de crédit IEDOM de la Guadeloupe et des iles du Nord :
La Guadeloupe reste une destination favorite des Français, mais pas seulement. Il y a aussi les Européens ou les Canadiens, il y a beaucoup quand même de demandes, notamment une partie de la clientèle qui est allait traditionnellement sur l'Asie… et qui n'y va plus et se reportent sur des destinations comme la Guadeloupe. La Guadeloupe, normalement, en 2023, si tout va bien, devrait retrouver ses niveaux d'activité d'avant crise, voire les dépasser, avec la certitude sur le prix des billets qui peut malheureusement dissuader un certain nombre de clients de venir si les prix devenaient trop élevés.
Concernant les autres secteurs, Damion Gordon souligne qu’ils ont pour habitude de se maintenir.
Le commerce, la grande distribution, nous sommes sur des territoires ultramarins où la consommation a l'habitude de se maintenir. L'emploi, les salaires sont relativement soutenus. Donc, il n'y a pas de surprise à attendre. Le BTP, il faudra voir si on continue de subir ou pas des hausses de prix et si certains marchés publics sont remis en question, si les particuliers aussi qui avaient des projets immobiliers, si, compte tenu de la hausse des taux, leurs projets peuvent parfois se trouver contrariés par cette hausse des taux.