TCSP : Alfred Marie-Jeanne rejette les propositions de la CFTU et exige la mise en route rapide des BHNS
(Audio) - À l'issue du conseil d'administration de Martinique Transport prévu ce lundi (22 janvier 2018), Alfred Marie-Jeanne, président du CA, a exigé que la CFTU fasse démarrer le TCSP. Pourtant la fixation du prix des tickets, inscrite à l'ordre du jour, n'a pas été votée.
La réunion conseil d'administration de Martinique Transport (Autorité Organisatrice du Transport Unique) prévue ce lundi s'annonçait décisive dans la perspective de la mise en route du TCSP.
Neuf points étaient inscrits à l'ordre du jour dont la proposition de service de la CFTU et son coût et la fixation du prix des tickets. Pourtant c'est lors de l'examen de ce dernier point déterminant que la réunion a été ajournée.
Quelques instants plus tard, la presse était invitée à assister à une déclaration d'Alfred Marie-Jeanne, président du Conseil Exécutif de la CTM et président du CA de Martinique Transport. C'est à ce titre que ce dernier s'est exprimé. "Je refuse d'accepter ces offres", a-t-il affirmé face aux journalistes et dans un communiqué envoyé dans la foulée.
"Suite à la marche à blanc, le délégataire annonçait un coût d’exploitation annuel de l’ordre de 13,5 M€ et un déficit de 12,78 M€. Sur la base de l’offre de service travaillée et la nouvelle grille tarifaire, ce coût d’exploitation oscille maintenant entre 14 et 15 M€, et le déficit d’exploitation varie entre 13 et 14 M€. Les recettes sont plus que minorées, et ne tiennent pas compte du rabattement des passagers conduits par les taxis collectifs aux différents pôles d’échange", explique Alfred Marie-Jeanne.
Le président du conseil d'administration de Martinique Transport précise : "la nouvelle offre propose 14 recrutements supplémentaires au 104 agents déjà prévus ...
soit 10 chauffeurs et 4 électromécaniciens (on en est maintenant à 1 électromécanicien par bus !), c’est-à-dire 118 personnes que l’on devrait embaucher pour exploiter commercialement le TCSP".
Extrait de l'intervention d'Alfred Marie-Jeanne :
Lors de son intervention orale, Alfred Marie-Jeanne a même lancé le terme de "magouiles" sans préciser qui en était l'auteur, ni leur nature. Il a par ailleurs annoncé qu'il convoquerait les dirigeants de la CFTU dans les plus brefs délais, soufflant que des poursuites judiciaires étaient envisageables. Interrogé à ce sujet, Alain Alfred, le président de la Compagnie Foyalaise de Transport Urbain a assuré qu'il répondrait à toutes les questions du président de Martinique Transport.
Deux questions, majeures, n'ont cependant pas été abordées par Alfred Marie-Jeanne. La première concerne le prix des tickets du TCSP. En l'absence de décision à ce sujet, les BHNS embarqueront-ils les passagers gratuitement ? La deuxième concerne le sort des chauffeurs de taxis collectifs. Leur collaboration avec le TCSP est-elle acquise ? Une problématique qui n'était pas inscrite à l'ordre du jour du conseil d'administration.
De son côté, la Cacem, représentée par son président Athanase Jeanne-Rose, lors de ce conseil d'administration, regrette la position d'Alfred Marie-Jeanne.
"Lors du Conseil d’Administration de Martinique Transport du lundi 22 janvier 2018 le point relatif à l’exploitation commerciale du TCSP a été unilatéralement retiré de l’ordre du jour par le Président de Martinique Transports, Alfred MARIE-JEANNE, sans vote du Conseil d’Administration. Suite au retrait de ce point, aucune décision n’a donc pu être prise. Par conséquent, la CACEM constate et déplore que la mise en service du TCSP soit à nouveau reportée sans échéance. Par ailleurs, la CACEM informe qu’elle n’a reçu à ce jour aucune demande de participation financière supplémentaire au budget de Martinique Transport au titre de l’exercice 2018. La CACEM considère qu’il y a donc une volonté manifeste du Président de Martinique Transport de ne pas mettre rapidement en service le TCSP", indique la communauté d'agglomération dans un court communiqué de presse.
La déclaration écrite intégrale d'Alfred Marie-Jeanne :
INTERVENTION DU
PRESIDENT DE MARTINIQUE TRANSPORT
AU CONSEIL D’ADMINISTRATION
DU 22 JANVIER 2018
Je dois tout d’abord vous rappeler un certain nombre
d’éléments qui sont prépondérants dans la décision que nous devons prendre sur ce dossier aujourd’hui.
En ma qualité de Président de Région, j’ai toujours voté le budget primitif de la collectivité en décembre de l’année précédente.
Pour l’exercice 2018, je n’ai pu le faire jusqu’à ce jour. Je vais le proposer au début d’avril 2018. La raison est simple, c’est que nous nous trouvons dans l’incapacité de l’équilibrer à cause d’un manque important de recettes et notamment la diminution des dotations de l’Etat, le transfert d’une partie du produit de notre fiscalité vers Martinique Transport et maintien des taux de fiscalité en l’état.
Je tiens à rappeler aussi que le projet de loi de finances 2018 a contraint les collectivités d’une certaine taille à prendre des mesures de mise en conformité de leur situation financière et comptable.
En conséquence, augmenter la participation de la collectivité territoriale de Martinique au budget de Martinique Transport de 43 M€ à 70 M€, je préfère vous l’annoncer tout de suite : cela n’est pas possible !
A ce titre, il faudrait que chaque EPCI, représentée ici par leur président et par ailleurs, vice-président de Martinique Transport, prenne l’engagement d’augmenter leur contribution au budget de l’établissement pour l’exercice 2018. A ma demande, des réunions de travail préparatoires sur la
mise en service du TCSP et en prévision de notre séance du Conseil d’administration de ce jour ont été tenues les 11 et 12 janvier 2018.
Une offre de service et une nouvelle grille tarifaire s’approchant des augmentations qui étaient censées être commandées par la CACEM en 2015 et 2017 lui ont été proposées. Ces informations vous ont été transmises pour examen aujourd’hui. Parallèlement, des éléments d’explication quant au coût présenté pour la marche à blanc ont tenté d’être obtenus. Des questions précises ont été formulées par écrit à l’attention du délégataire et singulièrement de la CFTU. Sans grand succès.
En retour, la réponse de la CFTU nous a transmis une nouvelle proposition et très peu de justificatifs ont été remis et il semble que pour tenter de comprendre les coûts annoncés, nous tournions en rond.
Nous sommes toujours dans l’opacité. Suite à la marche à blanc, le délégataire annonçait un coût d’exploitation annuel de l’ordre de 13,5 M€ et un déficit de 12,78 M€. Sur la base de l’offre de service travaillée et la nouvelle grille tarifaire, ce coût d’exploitation oscille maintenant entre 14 et 15 M€, et le déficit d’exploitation varie entre 13 et 14 M€.
Les recettes sont plus que minorées, et ne tiennent pas compte du rabattement des passagers conduits par les taxis collectifs aux différents pôles d’échange.
Ces charges étaient déjà insupportables pour Martinique Transport sur la base des coûts et du déficit de la marche à blanc, elles le sont encore moins avec la proposition technique et financière de la CFTU, avec des recettes minimalistes mais des dépenses bien maximisées.
A titre d’exemple, ce ne sont pas moins de 104 personnels qui devaient être embauchés pour le fonctionnement des 2 lignes du TCSP suite à la marche à blanc.
La nouvelle offre propose 14 recrutements supplémentaires, soit 10 chauffeurs et 4 électromécaniciens (on en est maintenant à 1 électromécanicien par bus !), c’est-à-dire 118 personnes que l’on devrait embaucher pour exploiter commercialement le TCSP.
Messieurs les Présidents de la CACEM, de l’Espace Sud et de Cap Nord, j’attends particulièrement vos positions sur ce dossier et vos propositions financières qui serviront à bâtir le budget primitif de Martinique Transport que nous devrons examiner au mois de mars prochain, pour respecter les statuts et qui devront s’inscrire dans la durée.
En l’état, en ma qualité de Président de Martinique Transport, je refuse d’accepter ces offres.
Fort-de-France le 22 janvier 2018