Diany Rémy, l'art de la maîtrise et la maîtrise de l'art
Comme en 2019, Sara/Autodistribution a fait preuve d'une maîtrise absolue pour remporter la 36e édition du tour de Martinique des yoles. L'oeuvre de Diany Rémy qui s'offre son deuxième trophée, le 4e de son association.
Perché sur le mat de sa yole, face au front de mer du François, un fumigène à la main, Diany Rémy termine cette édition 2022 comme il l'a traversée : en dominant de haut la concurrence.
Une domination aussi régulière que létale. À l'image du titre acquis en 2019, le patron de l'équipage Yole Net 2000 a appliqué la même recette pour conserver sa couronne. À une différence près. Si en 2019, on aurait pu évoquer un heureux accident, cette fois-ci, il est impossible de nier les évidentes qualités des Marinois et leur patron.
Les preuves sont irréfutables. En 7 étapes, un prologue et 18 heures de navigation, Sara/Autodistribution n'a fini qu'une seule fois au delà de la deuxième place, à Rivière-Pilote.
Sur les sept étapes chronométrées, les yoleurs du Marin n'ont jamais terminé une épreuve à plus de 5 minutes de la première yole. C'est ainsi que Diany Rémy et ses équipiers achèvent la compétition avec 6 deuxièmes places (prologue compris), une quatrième place (Rivière-Pilote) et une victoire.
Le coup de massue
Une seule victoire certes, mais quelle victoire. Car qu'on se le dise, c'est au Diamant que Diany Rémy a fait savoir à ses adversaires qu'ils n'étaient pas en mesure de lutter. Bien entendu, la deuxième place à Saint-Pierre en finissant à 1 minute seulement de Rosette/Orange malgré une voile déchirée, avait déjà donné le ton.
Le succès diamantinois a eu un effet dévastateur. Dans le bouillon des Fous et du Rocher du Diamant, face au courant et au vent, avec l'une des plus grandes voiles de la flottille, Diany Rémy a montré l'étendue de sa maîtrise et de sa sérénité.
Le coup de massue sur la flottille se lit dans le classement général au soir de cette 5e étape. Rosette/Orange se retrouve alors troisième à 44 minutes tandis qu'UFR/Chanflor est repoussée à 20 minutes malgré son sprint vers la ligne d'arrivée. Les jumeaux Mas sont quant à eux hors de la bagarre pour la victoire finale.
Le final de l'étape diamantinoise en dit aussi long sur le sang froid du maître du tour. La veille, les Marinois avaient été battus dans le sprint final vers Fort-de-France par un Félix Mérine qui avait fait valoir sa science de la course. Face à la grande anse du Diamant, le Robertin a tenté le même coup, mais cette fois-ci Diany Rémy n'a pas cédé. L'ascendant psychologique était pris.
Peu d'erreurs
Le tour mené par Diany Rémy en 2022 ressemble aussi en cela au tour gagné en 2019. L'équipage de Sara/Autodistribution a affiché une régularité implacable sur le plan d'eau.
La seule erreur commise par les Marinois est intervenue dans le sprint vers Fort-de-France à la faveur d'un cap trop éloigné de la côte.
Alors qu'UFR/Chanflor a coulé deux fois et que Rosette/Orange a embarqué de l'eau à Trinité puis fait un mauvais choix de cap au Diamant, la yole du Marin ne s'est jamais retrouvée en grande difficulté tout au long de cette 36e édition.
À l'instar de 2019, Diany Rémy et son équipage ont laissé aux Robertins et aux Franciscains le panache des victoires d'étape (4 et 3) en revanche pour la victoire finale, ils n'ont laissé que peu de place aux doutes.
Les Marinois ont semblé imperméables à la pression. Ils avaient déjà démontré cette qualité au cours des mois précédant le tour. Après avoir changé de sponsor principal, ils avaient remporté coup sur coup la dernière manche du championnat et la coupe de Martinique.
Avec deux titres à son actif en tant que patron (2019, 2022) Diany Rémy se trouve en bonne compagnie. Il côtoie Charles Exilie, Frantz Ferjule et Jacques Amalir tous ayant deux tours à leur palmarès.
Un équipage garni
On pourra toujours arguer que ce tour, amputé du contournement des Salines, n'est pas tout à fait complet. Il s'est pourtant avéré d'un excellent niveau. La météo changeante a donné au grand ballet nautique de Martinique une dimension hors du commun surtout après deux éditions annulées pour cause de covid.
Une absence de tour qui n'a pas du tout perturbé l'équipage marinois. Comme le disait Christian Boutrin, l'un des experts RCI, lors de la cinquième étape "c'est un équipage qui compte 30 coursiers de même niveau. Comme au football, tous les postes sont doublés avec des équipiers de qualité". "Ils ont tous évolué en bébés yoles ensemble", expliquait-il également.
Les multiples changements d'équipiers réalisés sans encombres lors du passage au pied du Rocher du Diamant ont servi de démonstration éclatante à cette analyse.
Les coursiers de Sara/Autodistribution peuvent donc envisager sereinement l'avenir. Sur leur route, ils trouveront tout de même un prometteur Kenny Exilie ou des revanchards Loïc et Laurent Mas pour leur offrir une opposition à la hauteur.