Une commémoration des évènements de décembre 59 organisée à Fort-de-France
C'est une page importante de l’histoire de la Martinique qui est commémorée aujourd’hui (mercredi 22 décembre) à Fort-de-France, à l’initiative de plusieurs organisations. Celles-ci se mobilisent autour des évènements de décembre 59.
Durant les révoltes mémorables de décembre 1959, plusieurs Martiniquais se sont soulevés contre le colonialisme français et sa police. Des événements qui se sont déroulés les 20, 21 et 22 décembre, soit trois jours de soulèvement populaire et d'affrontement à Fort-de-France avec les gendarmes. Trois jeunes Martiniquais sont alors morts sous les balles des forces de l'ordre. Christian Marajo, Edmond Éloi Véronique, dit Rosile, et Julien Betzi succombent à ces tirs.
Décembre 59 est dès lors une date importante de l'histoire de la Martinique, d’autant que selon Paul Papaya, membre du PKLS, la répression dure encore sur le territoire. Il cite l’un des anciens militants prisonniers Guy Dufond, mis à l’honneur à l’occasion de cette commémoration :
Ils étaient quatre militants à perdre leur emploi parce qu'ils étaient militants, alors ils devaient partir en France parce qu'on avait interdit ces gens-là. Donc décembre 59 représente pour nous un des grands moments de l'histoire. C'est notre mission, en tant que militants politiques, de faire comprendre aux gens que ce sont des dates importantes
Cet épisode décembre 59 doit ainsi rappeler que la répression dure encore selon ce membre du PKLS :
Il n'y a pas longtemps, il y avait des barrages et des manifestations, la seule réponse du gouvernement a été d'envoyer des policiers et des gendarmes ici. Il n'y a pas de réponse autre que ça
L'historien Louis-Georges Placide souligne cependant que les CRS ne sont pas coupables de la mort des trois jeunes Martiniquais :
On peut tout dire des CRS. Ils sont à l'origine de décembre 59 et c'est une erreur qu'ils ont commise le dimanche en fin d'après-midi, début de soirée, qui provoque les événements. Mais ils sont encasernés dès le lundi à 1" heures. En conséquence, ils ne peuvent pas avoir tué un jeune qui meure vers 20 heures. Donc on peut porter beaucoup d'accusations contre eux, mais ils n'ont pas tué en 1959
Dans le cadre de ces commémorations, un échange a eu lieu cet après-midi à Desclieux, à Fort-de-France, sur la permanence des luttes et le lien entre décembre 59 et les événements d’aujourd’hui. Puis une marche aux flambeaux a débuté aux alentours de 17h30, pour prendre fin à la Savane, où une projection du film Ikima est prévue.