La distillerie Neisson à la recherche de variétés de cannes créoles rares
Il s'agit de conserver un patrimoine agricole rare et en voie de disparition. Avec la mise en oeuvre de la mécanisation, ces variétés parfois endémiques ont été abandonnées au profit d'espèces hybrides.
C’est un des nouveaux projets de la distillerie Neisson : tenter d’initier une reproduction des variétés de cannes créoles. Les cannes à sucres aujourd’hui utilisées par les distilleries sont des hybrides.
Pour ce faire, la distillerie Neisson a créé un partenariat avec le CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole) du Carbet. Ce partenariat permet à la distillerie de disposer de près de 1500 hectares pour l’expérimentation et aux personnes du CFPPA de travailler sur le projet.
Pour le moment l’expérimentation en est à ses débuts : la distillerie Neisson lance un appel aux particuliers qui auraient dans leurs jardins certaines de ces variétés, comme par exemple la canne cristalline.
Grégory Vernan, directeur de la distillerie Neisson travaille à faire aboutir ce projet :
Si les particuliers sont prêts à nous céder quelques plants, on pourra les replanter à nouveau et essayer de retrouver ces variétés qui ont disparu. Les cannes que nous utilisons sont plus des cannes à sucre que des cannes à rhum. Ce sont des cannes extrêmement riches en fibres. Ce n'est pas ce qu'on appelle des cannes de bouche. Les cannes de bouche sont plutôt la rubanné, la cristaline. Ce sont des cannes très faciles à mâcher et meilleure pour faire du jus
Ces variétés sont spécifiques à notre région. À la distillerie Neisson, on insiste sur la nécessité de ne pas laisser disparaître ces variétés qui nous sont propres.
Si certains en possèdent et souhaitent en discuter avec la distillerie, il faut appeler le standard au +596 696 78 03 70
Ce projet rappelle des souvenirs à Eugène Marie Sainte, l'ancien responsable du service agricole du centre technique de la canne et du sucre. En 2007 il avait réalisé une collection d'anciennes variétés de cannes qu'il a multipliées pour les conserver :
Cela m'a pris trois ans. Tous les week-end, j'allais sur les marchés, chez les anciens agriculteurs. Je récupérais les variétés. J'ai fait des petites parcelles. J'ai pu replanter. J'avais aussi fait un petit livret scientifique. Ces variétés étaient utilisées quand la coupe se faisait manuellement. Mais avec la mécanisation notamment, ce type de canne n'était pas optimal. Elles avaient tendance à se coucher. Pour la mécanisation il faut des cannes droites, avec assez de sucre et immunes aux différentes maladies