Fête de la radio : Guylaine Montout et l'aventure ICS
Pour cette dernière journée d’hommage, Peggy Saint-Ville donne la parole à Guylaine Montout qui évoque son parcours et ses 19 années d’activité dans le secteur.
Clap de fin pour cette semaine de la radio ! A l’occasion de son centenaire, RCI a donné la parole à celles et ceux qui ont créé le média en Martinique. Les pionniers de Radio Caraïbes International bien sûr, mais aussi ceux des radio pirate ou associatives.
Guylaine Montout s'est lancée seule dans la création de la radio ICS qui a émis sur la bande FM de 1984 à 2003.
J'ai dû souscrire des prêts bancaires. Mes parents m'ont soutenue, mais à l'époque j'avais 30 ans et comme j'étais prof d'anglais, ma mère a trouvé mon choix plutôt aberrant !
Un amour pour la radio qui démarre dès l'époque de ses études à Paris, à l'ISIT, anciennement Institut supérieur d'interprétation et traduction, devenu Institut de management et de communication interculturels.
En effet, pendant ses vacances qu'elle passait en Martinique, Guylaine Montout travaillait systématiquement à l'ORTF, aujourd'hui plus connue sous le nom de Martinique La Première ! Elle y était pigiste et avait la charge de concevoir des mini journaux toutes les heures.
Son expérience suivante fut une radio pirate, "radio de la méduse", où elle animait des émissions de jazz. Une activité qui préfigurait déjà la future création d'ICS :
Ce qui m'a conduite à la radio, c'est l'envie de m'exprimer librement. A l'époque, sur les quelques radios existantes il n'y avait que de la musique antillaise. Que j'adore, bien entendu, mais j'avais aussi envie d'entendre d'autres genres : variété française, folk, funk, rythmes latino américaine, rock, r'n'b ... J'avais le profond désir de diffuser plus largement ces musiques.
Guylaine Montout monte d'abord une mini radio avec les moyens du bord. Elle fait venir du matériel d'Italie et émet depuis sa commune, Schoelcher. Elle se rend alors compte qu'elle a une belle couverture, sauf paradoxalement dans certaines zones plus proches d'elle, comme à Fort-de-France.
C'était sympa, on nous entendait parfaitement dans le sud et aux Trois-Îlets. En revanche, la couverture sur Fort-de-France était exécrable. On a donc décidé que la radio s'appellerait Interférence Confidentielle ! Plus tard, on y a ajouté le mot Sound, ce qui a donné ICS !
Guylaine Montout faisait absolument tout dans sa radio, elle a été journaliste, animatrice, monteuse, technicienne, rédactrice et commerciale ... Même femme de ménage, précise-t-elle, malicieuse. ICS est par ailleurs la première radio locale à réellement traiter l'info. Il y avait des journaux tous les jours, une rédaction, des journalistes ...
Une époque formidable, se rappelle-t-elle encore avec émotion, car cette activité lui a permis de traiter toutes sortes de sujets : de la culture à la science, en passant par l'économie. D'ailleurs, ses journalistes de l'époque sont aujourd'hui disséminés un peu partout en Martinique et dans le monde. Certains ont même intégré canal +.
Au fil des ans, Guylaine Montout a ainsi collaboré avec de nombreuses personnalités de ce média comme Serge Pognon, un technicien de haute volée qui l'a énormément aidée à ses débuts. Mais aussi Jean-Claude Asselin de Beauville ou Marie-Josée Alie, dont elle est toujours proche aujourd'hui.
La pionnière et fondatrice d'ICS a par ailleurs une amusante anecdote à propos d'un Jérémy Edouard encore adolescent qui passait la majeure partie de son temps dans ses locaux, quitte à sécher les cours, et avec la bénédiction de son père !
Une aventure proprement fascinante, et inspirante, relatée dans un entretien avec Peggy saint-Ville que nous vous proposons d'écouter ici dans intégralité :