La dernière promotion de l'ENA aura pour nom Aimé Césaire
Selon le JDD, les élèves de la promotion 2020-2021 de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) ont choisi le nom d'Aimé Césaire. Il s'agit de la dernière promotion à étudier au sein de cette institution avant sa suppression. Elle sera remplacée le 1er janvier prochain par l'Institut national de service public (ISP).
Un choix au symbole fort
Aimé Césaire aura donc le mot de la fin sur cette institution destinée à former les dirigeants et hauts fonctionnaires français.
Selon le Journal du Dimanche, les 119 élèves français et internationaux de la promotion 2020-2021 de l'Ecole Nationale d'administration, vouée à disparaître à la fin de l'année, ont adopté le nom d'Aimé Césaire après deux jours, et près de neuf heures de débats.
L'hebdomadaire précise également que les quatre autres noms ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages étaient Joséphine Baker, Franz Kafka, Joseph Kessel et Marianne. En choisissant Aimé Césaire, les élèves souhaitent "se placer sous le haut patronage de ce combattant infatigable de l'égalité, défenseur des invisibles et des sans-voix".
Fondateur de la négritude, aux cotés de Léopold Sédar Senghor et de Léon Gontrand Damas, Aimé Césaire a non seulement oeuvré pour la libération politique et culturelle de l'homme noir, mais aussi pour l'égalité entre tous. Homme de lettre capital, son engagement n'aura de cesse de teinter ses écrits, tels que la pièce de théâtre La tragédie du Roi Christophe, où il affirme : "Tous les hommes ont les mêmes droits... Mais du commun lot, il en est qui ont plus de pouvoirs que d'autres. Là est l'inégalité".
Outre ses écrits prolixes, son engagement politique le mène à fonder le Parti Progressiste Martiniquais et à rester maire de la ville de Fort-de-France de 1945 à 2001, soit durant 56 ans.
L'ENA cède la place à l’Institut du service public
Le nom d'Aimé Césaire sera ainsi l'épitaphe de l'Ecole Nationale d'administration (ENA), comme pour appeler au renouveau. Et ce n'est pas un hasard, puisque l'école est devenue synonyme de fracture sociale entre la population et une élite vouée à diriger.
Créée en 1945 par la volonté du général de Gaulle, l'institution se voulant novatrice a fini par devenir une véritable marque à la fois admirée et décriée. Pas moins de quatre chefs d’Etat, huit premiers ministres et nombre de dirigeants d’institutions et de grandes entreprises ont été formés sur les bancs de cette école prestigieuse.
Mais l'institution creuse la rupture entre le peuple et l'élite formée, selon ses détracteurs, et privilégie un entre-soi néfaste pour la société. L'heure est au dépoussiérage. S'il n'est pas le premier président à formuler ce souhait, Emmanuel Macron - lui-même énarque - annonce la suppression de l'ENA le 8 avril dernier, et la création de l’Institut du service public (ISP). Désormais, là où l’ENA ne formait chaque année que 80 hauts fonctionnaires, l’Institut du service public prendra en charge l’ensemble des élèves administrateurs et intégrera un tronc commun à 13 écoles de service public, où la formation continue sera maître mot.
Plus question donc de propulser un jeune de 25 ans fraîchement diplômé par l'école prestigieuse à des postes à haute responsabilité. L'expérience sur le terrain devrait être davantage valorisée. Cette mesure fait partie d'une réforme globale de la fonction publique, dont une grande partie sera incluse dans une ordonnance qui doit être adoptée avant le 7 juin prochain.