Un an après, que sont devenues les statues déboulonnées ?
Le 22 mai marque l'abolition de l'esclavage en Martinique, et c’est aussi la date anniversaire du premier déboulonnage de statue chez nous. L'année dernière, deux statues de Victor Schoelcher avaient été déboulonnées et réduites en morceaux par des activistes anticolonialistes et anti-chlordécone, suivies par celles de Joséphine de Beauharnais et de Belain d'Esnambuc en juillet de la même année. Les restes de ces figures sont conservés dans un endroit secret.
Un an après, le sujet resterait toujours très tendu. Il est impossible de savoir où sont conservées ces statues. Un secret auquel leur propriétaire, la mairie de Fort-de-France, et le préfet sont très attachés, même la presse n’y a pas accès. Annie Chandey, élue déléguée à la culture à la mairie de la ville, explique les raisons de ce choix et décrit les moyens de conservation utilisés.
C'est un lieu qui doit rester secret. Chaque statue est conservée de façon individuelle, étiquetée et avec une température précise. Il faut absolument protéger ces matériaux-là et donc il n'est pas souhaitable que ça soit ouvert pour l'instant à tout un chacun. Ce qu'il en reste, ce sont des morceaux épars. Ils sont conservés, comme des reliques, comme des ruines, comme quand on a des démolitions, des bouleversements atmosphériques et qu'on veut recueillir des éléments archéologiques
Ces statues ont été enlevées de l’espace public, mais sont des vestiges historiques. La Marie de Fort-de-France se pencherait sur leur devenir. Annie Chandey donne des précisions sur la réflexion en cours.
Nous tenons à conserver ces statues, parce qu'elles ont une mémoire, elles ont un parcours. Il est absolument nécessaire que la postérité et la connaissance de cette trajectoire et de ce qui s'est passé avant. Monsieur le maire a des idées, mais la commission ad hoc a aussi émis des idées. Mais il est question effectivement de réunir toutes ces statues dans un endroit précis qui serait un musée, un lieu de mémoire et où leur histoire serait racontée.
La mairie de Fort de France aurait réfléchi à la question avant que ces statues ne soient mises à terre. Elle envisage de les installer dans un espace historique dédié.
Ces vestiges y seraient présentés dans leur état actuel : ni reconstitués, ni ré-agencés. Leur état raconte aussi leur histoire et montre la défiance martiniquaise vis-à-vis de ces personnages historiques. Ce serait dans ce même esprit, que la mairie de Fort-de-France avait conservé plusieurs années sur la Savane, la statue de Joséphine sans tête puis tachée de peinture.