Haïti : les tensions restent vives dans le pays
La situation est de nouveau très tendue en Haïti. Des manifestations réclamant le départ du président de la République, Jovenel Moïse, se poursuivent aux quatre coins du pays, alors que ce dernier dénonce une tentative de coup d'Etat. Le président en place renforce son pouvoir et jouit du soutien de l'armée.
Une vive contestation de la date de fin de mandat du président
Un regroupement d'institutions, d’associations, et de partis politiques conteste la date de fin du mandat du président haïtien Jovenel Moïse. Les opposants affirment que celui-ci devait quitter le pouvoir le 7 février 2021 et la présidence clame que cette date est prévue un an plus tard, à savoir le 7 février 2022. Cette coalition, soutenue par le pouvoir judiciaire, et l'église notamment, a “nommé” le doyen de la Cour de cassation, Joseph Mécène Jean-Louis, président de transition.
Laénnec Hurbon, chercheur au CNRS, sociologue et professeur à l’université d’état d’Haïti, est catégorique :
Il a commencé son mandat en 2016, et pas en 2017, voilà pourquoi tous les barreaux de Port-au-Prince, toutes les institutions de la société civile, toutes les églises, tous les partis politiques, à part le sien, déclarent que le mandat de Jovenel Moïse s'est terminé depuis le 7 février 2021. S'il veut rester au pouvoir, il est en dehors de la constitution
Un président d'autant plus récrié qu'il gouverne par décret, puisque le pays n’a ni députés ni sénateurs, les élections n’ayant pu se tenir l’année dernière. Le chercheur au CNRS estime également que l'autorité du chef d'Etat haïtien est entachée par les actions de son prédécesseur, le chanteur Michel Martelly, venant du même parti, qui a dilapidé un prêt de quatre milliards de dollars US obtenu du Venezuela.
Jovenel Moïse estime qu'il s'agit d'un coup d'Etat
Et de son côté, Jovenel Moïse estime que ces tensions s'apparentent à une tentative de coup d’État. Selon les sources de journaux haïtiens, une vingtaine d’arrestations ont eu lieu sur l'ordre du chef d'Etat, avec le soutien de l'armée. Les instances militaires ont en effet déclaré leur soutien au président par le biais du commandant en chef des forces armées d'Haïti, le lieutenant-général Jodel Lesage.
La diapora haïtienne inquiète
La diaspora haïtienne en Martinique, quant à elle, est inquiète autant pour les proches sur place, que pour la situation politique globale du pays. C'est ce qu'indique Elio Joseph, président de l’association Cellule en action, association à caractère social qui vient en aide aux plus démunis et singulièrement aux migrants haïtiens :
Les bandits vont profiter de cette situation, car la police est focalisée sur l'opposition et un éventuel coup d'Etat
Selon lui, la grande majorité de la diaspora haïtienne locale souhaite également un départ du président Haïtien :
Le pouvoir supérieur judiciaire s'est prononcé : Jovenel Moïse doit quitter le pouvoir, car son mandat arrive à échéance. C'est un fait, et la majorité de nos compatriotes vivant à la Martinique ont ce point de vue