La dernière danse de Lulu
Ce lundi, la Guadeloupe a perdu l'un de ses artistes. Lucien Guillou plus connu sous le pseudonyme de Lulu, carnavalier émérite s'est éteint. Le chorégraphe a marqué l'histoire du carnaval guadeloupéen de son empreinte.
Il ne faisait jamais les choses à la légère. Le garçon avait trop de classe pour cela. "Lulu" a esquissé un dernier pas de danse comme lui seul sait le faire. Il a fait une belle pirouette aujourd'hui en surprenant, une fois de plus Pourtant beaucoup auraient aimé qu'il la fasse autrement et beaucoup plus tard, comme depuis 40 ans, il aimait à le faire dès son plus jeune âge au sein du groupe Majestic Band de Basse-Terre qui portait bien son nom. Le groupe d'Honorat Nolard, une autre ambassadrice du carnaval guadeloupéen, si triste ce soir, comme tant d'autres.
Comme tous ses amis, frères et sœurs de tous les groupes où il a servi et notamment le célèbre Guimbo All Star qui est orphelin de sa star aujourd'hui.
Lucien de son prénom, était plus connu sous son pseudonyme, " Lulu", qu'il portait si bien et qu'il a transporté si loin sur tout le territoire de la Guadeloupe, dans les îles de la Caraïbe, en Europe et ailleurs. L'homme ne passait pas inaperçu car derrière sa grande timidité, il y avait une pudeur et une dignité propres aux grands artistes qui se respectent et respectent cet art qui n'est pas donné à tout le monde de maîtriser tous les styles et tous les rythmes de danses. En discothèque comme en cabaret, dans un salon, un gymnase ou comme dans les rues, aucun sol n'avait de secret pour cet ingénieur de la danse dont l'architecture du corps faisait frissonner plus d'un lorsqu'il se mettait en transe.
"Lulu" parlait peu. Le langage de ses pieds, ses jambes, ses hanches, ses bras comme de ses mains, de ses doigts, ses yeux et ses jeux de tête parlaient pour lui. C'était sa manière de communiquer, de transmettre, lui le virtuose, le professeur émérite. Il respirait la musique, il apprivoisait la danse. A lui tout seul, il était capable de drainer les foules, d'attirer tous les regards et d'attiser toutes les convoitises. Il nous quitte, certainement avec le sourire de nous avoir, comme à son habitude, créer la surprise pour encore mieux jeter les projecteurs sur ce corps qui va tous nous manquer. Le carnaval, la culture guadeloupéenne ont perdu un maître, un félin, une diva. Danse " Lulu", continue de danser et de nous faire danser de là où tu es. C'est ainsi que nous t'avons connu et c'est ainsi que nous continuerons de t'aimer et de te respecter ! Salut l'artiste !