[AUDIO] Une expertise pour déterminer le lien entre chlordécone et cancer de la prostate
Un prochain rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) est très attendu : il servira à élaborer le tableau des maladies professionnelles liées à l’utilisation de la chlordécone. Henri Bastos, directeur adjoint à la santé du travail au sein de la direction d’évaluation des risques à l’agence nationale pour la sécurité sanitaire est l'invité rédaction ce lundi 8 février.
Tisser un lien entre cancer de la prostate et chlordécone
Le délicat dossier de la chlordécone et des ravages causés sur les ouvriers agricoles qui l’ont utilisé, ainsi que sur les sols de Martinique et Guadeloupe, fait l'objet d'un rapport d'expertise qui touche à sa fin.Une expertise pour déterminer le lien entre les pesticides, incluant le chlordécone, et le cancer de la prostate. Car malgré certaines études qui tendent à le prouver, ce lien n'est pas encore officiellement reconnu par l'Etat français.
On devrait en savoir davantage au mois de septembre prochain, lorsque l’agence nationale pour la sécurité sanitaire (ANSES) rendra ses concluions définitives.
Des médecins du travail, des professeurs de médecine, des toxicologues, des épidémiologistes, des hygiénistes du travail, des ergonomes, des juristes du droit social : ce sont tous ces experts qui travaillent avec Henri Bastos, directeur adjoint à la santé travail au sein de la direction d’évaluation des risques à l’agence nationale pour la sécurité sanitaire, pour l'élaboration du rapport.
Pour l'élaboration d'un tableau de maladies professionnelles
Ce rapport sera donc soumis à l'Etat français et servira d'outil pour prendre la décision de créer ou non un tableau de maladies professionnelles. Le directeur adjoint à la santé au travail explique :
L'inscription dans ce tableau permettra de bénéficier de la présomption d'origine professionnelle, et cette reconnaissance ouvre des droits à réparation
C'est l'Etat qui crée les tableaux par décret, en conseil d'Etat, sur la base de réflexions sur l'avancement des connaissances scientifiques et après réflexions avec les partenaires sociaux.
Dans ce but, le rapport sera rendu prochainement aux deux commissions consultées par l'Etat pour qu'il décide ou non de l'établissement du tableau : à la commission des maladies professionnelles du régime général le 23 mars prochain, et à La Cosma, (la commission supérieure des maladies professionnelles agricoles) le 6 avril.
Un travail de terrain
Les services ont donc mené des enquêtes de terrain pour auditionner les parties prenantes locales, pour rencontrer des médecins de l'île qui accueillent des patients atteints du cancer ou encore des ouvriers qui ont travaillé avec les pesticides. Et les travaux ont bien avancé, comme l'indique le directeur adjoint :
Je peux vous dire aujourd'hui que nous sommes dans la dernière ligne droite de l'expertise qui nous concerne
L'expertise sera ensuite rendue publique après la réunion des commissions, aux alentours du mois de septembre.
Et si le directeur adjoint ne peut pas encore dévoiler les conclusions de ce rapport, il indique :
A ce stade, nous avons pris en compte dans notre analyse les conclusions des revues institutionnelles qui se sont déjà positionnées sur la question. Vous mentionniez tout à l'heure l'Inserm en 2019 ou le CIRC et la plupart d'entre elles ont conclu à une relation causale probable
Henri Bastos, directeur adjoint à la santé du travail au sein de la direction d’évaluation des risques à l’agence nationale pour la sécurité sanitaire, au micro de Jean-Marc Pulvar :