Affaire du meurtre de Jessica Gabriel : des témoignages poignants à la barre
Cet après-midi mardi 26 janvier, une voisine du couple, la mère de Wilfried Jean-Lambert et une des soeurs de Jessica Gabriel sont passées à la barre pour la deuxième journée du procès du meurtre de Jessica Gabriel. Un peu plus tôt, le rapport de l'autopsie a glacé la salle d'audience, mettant en évidence la fureur de l'accusé le soir du drame.
Après les témoignages des ex compagnes de l'accusé Wilfried Jean-Lambert ce matin, une voisine du couple et la mère de l'accusé sont passées à la barre cet après-midi mardi 26 janvier dans l'affaire du meurtre de Jessica Gabriel.
Une mère dans le déni
Un témoignage pour le moins déroutant : la mère de l'accusé, 55 ans, aide-soignante, apparaît complètement dans le déni. Très calmement, parfois un sourire en coin, elle dresse le portrait d'un enfant plutôt calme, très lié à ses trois frères et soeurs. Plutôt soumis, du genre à encaisser des remontrances sans même être à l'origine d'un incident, et qui demandait la permission pour tout. Une adolescence normale.
Puis la présidente interroge la mère de famille sur les raisons de la détention de son fils : "Savez-vous pourquoi vous êtes là ? vous savez que votre fils est jugé pour meurtre et viol ?", lui lance la présidente. La mère de l'accusé hésite à répondre. "Vous savez qu'il plaide coupable, Madame ? Il vous l'a dit ?" Alors la mère de l'accusé répond :
Non, à moi non. Il m'a dit qu'un jour, il s'est réveillé en prison. Il a pleuré, il a dit que Jessica était morte. Je lui ai demandé ce qu'il s'était passé. Il a dit qu'il ne savait pas
Stupéfaction dans la salle d'audience pleine cet après-midi et du côté de la partie civile.
Tout au long de l'interrogatoire, et malgré les questions répétées et agacées de la présidente, la mère explique qu'elle ne sait rien, qu'elle ne comprend pas. Elle semble complètement perdue, malgré une posture pourtant assurée. Elle va même jusqu'à s'excuser :
Pour la fille de Jessica, je suis désolée, et je suis désolée pour le meurtre, pour sa famille, mais je ne sais pas si c'est lui ou pas
Sur la relation entre l'accusé et son père, absent à la barre pour raison de santé, là non plus, rien à signaler. Pourtant l'accusé a assuré qu'il le battait. La mère de famille regarde de temps en temps son fils dans le box, comme pour chercher des réponses. L'accusé, lui, reste encore et toujours tête baissée, les yeux fermées.
Un témoignage précis de la voisine de Jessica Gabriel
Un peu plus tôt, c'est la voisine de la victime qui s'est exprimée à la barre. Un témoignage extrêmement précis durant lequel elle est revenue sur la dispute du couple, une semaine avant le drame, quand Jessica Gabriel aurait découvert la liaison de Wilfried Jean-Lambert. "C'était un dimanche", dit-elle. La victime lui a dit :
Je ne veux pas d'un ménage à trois. Laisse-moi avec ma fille
Puis la voisine est revenue sur le soir du drame. Ce soir-là, son compagnon jouait au Negresco. Alors qu'elle se prépare vite d'habitude, elle n'a pas réellement envie de s'y rendre cette fois-ci. Mais la voisine part finalement. A son retour vers 3 heures du matin, elle voit la gendarmerie, apprend la nouvelle. Le lendemain, alors qu'elle discute avec le gendarme chargé de l'enquête, elle voit passer l'accusé devant la maison en voiture. Le gendarme alerte alors ses collègues. L'homme sera arrêté peu après.
Neuf coups de couteau dont deux mortels au niveau du visage
Plus tôt dans l'après-midi, la cour a entendu les conclusions du médecin légiste, en visioconférence depuis Pointe-à-Pitre. Jessica Gabriel a reçu neuf coups de couteau dont deux mortels au niveau du visage. Un moment difficile pour la famille de la victime, qui a malgré tout assisté à l'intégralité de la présentation de ce rapport.
La soeur de la victime clôt une journée de témoignages éprouvants
Une des soeurs de Jessica, 32 ans, employée polyvalente, est le dernier témoin appelé à la barre. Elle est elle-même mère d'une fille de 6 ans, et est devenue la tutrice de la fille de la victime. Elle explique que la jeune fille semble avoir toujours 15 ans et demi, trois ans après le drame, et qu'elle paraît flotter, comme dans un autre monde. Quant à sa soeur Jessica Gabriel, elle se souvient d'une femme exceptionnelle :
C'était une femme pleine de vie, d'amour, toujours prête à rendre service, et à prendre des initiatives. Sa fille était son centre d'intérêt, elle a toujours tout fait pour qu'elle ne manque de rien
La soeur explique que la victime était dans une période de dépression quand elle a rencontré l'accusé, et qu'elle semblait être bien avec lui. Alors la famille l'a accepté. Parfois, elle se plaignait qu'il n'aimait pas communiquer, qu'il s'énervait lors des disputes, mais d'aucune violence, et rien n'était apparent.
Elle revient ensuite sur l'épisode de la séparation, où tout semble avoir basculé. Lorsque Jessica Gabriel lui demande de partir, Wilfried Jean-Lambert exige qu'elle lui rende l'argent qu'il a dépensé pour le couple et surtout l'argent de poche qu'il avait donné à sa fille. Elle prête donc 1200€ à Jessica Gabriel et c'est à ce prix que l'accusé rend son double de clés à la victime.
Ce qui inquiète particulièrement la soeur est alors la mort d'une perruche que l'accusé avait offert à Jessica Gabriel. Selon elle, son compagnon aurait voulu tuer l'oiseau lors de leur séparation. D'après son témoignage, l'animal meure finalement dans la journée, probablement blessé au couteau ou aux ciseaux. La soeur prend alors peur :
Si quelqu'un est capable de faire ça à un animal innocent, c'est qu'il est capable de la tuer elle
Demain, c'est en principe au tour de l'expert psychiatre d'être entendu par la cour. Il pourrait néanmoins ne pas se présenter, car il est souffrant. En cas d'absence, la défense prévoit d'ores et déjà de demander le renvoi de l'audience.