En Martinique, 38 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale
Selon une étude l'INSEE portant sur l'année 2018, plus d'un tiers de la population martiniquaise est en situation de privation matérielle et sociale.
Ne pas avoir les moyens de partir en vacances, d’avoir une activité de loisir régulière ou de s’acheter des vêtements neufs, voilà quelques éléments qui définissent la privation matérielle et sociale selon l'INSEE.
En 2018 en Martinique, plus d'un tiers de la population faisait face à ce genre de difficultés soit environ 123 000 personnes.
Ces personnes sont privées d’au moins cinq éléments parmi treize considérés comme nécessaires à une vie décente.
En France hexagonale, le taux de privation est trois fois plus faible qu’en Martinique, il s’établit à 13 %. En outre, plus de la moitié (57 %) de la population métropolitaine déclare ne subir aucune privation contre 17 % en Martinique.
La situation de la Martinique est équivalente par rapport à celle de la Guadeloupe.
Les raisons des privations
La privation sévère touche trois fois plus les Martiniquais que les habitants de France hexagonale (respectivement 21 % contre 7 %). Le constat est similaire pour les autres DOM, hormis la Guyane plus sévèrement impactée, avec 38 % de sa population dans cette situation.
Ce taux plus élevé en Martinique s'explique notamment par un taux de pauvreté deux fois plus élevés en Martinique que dans l'Hexagone (29% contre 14% en 2017).
"La structure de marché favorise des situations monopolistiques ce qui peut avoir des conséquences sur la formation des prix et sur le coût de la vie. Les prix sont en effet plus élevés de 12,3 % en Martinique qu’en France", analyse l'INSEE.
Outre un chômage structurel important (17% des actifs de 15 à 64 ans), s’ajoute un nombre important de Martiniquais se situant
à la frontière entre le chômage et l’inactivité (10 % des 15 à 64 ans).
Les privations les plus fréquentes
Les privations les plus fréquentes sont celles qui nécessitent de mobiliser les sommes d’argent les plus importantes : pouvoir faire face à une dépense imprévue de l’ordre de 1 000 € (70 % des Martiniquais sont concernés), s’offrir des vacances (62 %), remplacer des meubles (60 %).
En bas de l’échelle des privations, l’accès à une connexion Internet pénalise moins de personnes. Le développement des connexions mobiles facilite son accès et sa diffusion auprès de l’ensemble de la population, lui conférant un caractère prioritaire
dans les choix de consommation. Ainsi seuls 6 % des Martiniquais en sont privés.
Familles monoparentales et les jeunes
Les familles monoparentales sont plus touchées par la privation (55 %) que les couples (respectivement 25 % et 22 % pour
les couples avec ou sans enfant) ou les personnes vivant seules (43 %). Elles sont plus nombreuses en Martinique : un quart des
ménages contre un dixième en France métropolitaine.
Ces familles cumulent plus souvent les difficultés, notamment l’absence d’emploi. Leurs charges financières ne sont en général
supportées que par un seul revenu lorsqu’il existe.
La privation continue de frapper davantage les jeunes. Ainsi, 42 % des personnes âgées de 16 à 29 ans sont en privation contre 38 % pour l’ensemble de la population. Les habitants de 75 ans ou plus ont, au contraire, une perception des besoins différents et sont moins affectés par les privations. Un Martiniquais de plus de 75 ans sur trois est malgré tout concerné.
Les diplômes protègent des privations
La possession d’un diplôme est un atout : plus son niveau est élevé, plus le taux de privation est faible. En Martinique, le taux de privation s’élève à 16 % pour les diplômés du supérieur et à 48 % pour les non diplômés.
En effet, le risque de privation en Martinique est six fois plus important pour une personne pas ou peu diplômée que pour un titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur.
Le taux de privation est de 3 % pour les cadres qui proportionnellement sont moins nombreux en Martinique qu’en France hexagonale. Huit privations parmi les treize de l’indicateur concernent moins d’un cadre supérieur sur dix . À l’opposé, 41 % des employés et ouvriers insulaires sont affectés par les privations.
Mais l’emploi n’est pas une garantie absolue pour échapper à la privation : 26 % des personnes en emploi, malgré une source
de revenu stable, y sont confrontées. Les personnes en emploi sont toutefois moins touchées par la privation que les retraités (35%) et environ deux fois moins que les autres personnes en inactivité (54 %).