Sauvetage Corsair : l'Etat est-il dans son rôle ?

Par 01/12/2020 - 09:31 • Mis à jour le 01/12/2020 - 10:12

L'annonce de la validation d'un plan de sauvegarde pour la compagnie aérienne Corsair par un consortium d'investisseurs ultramarins porté par les entrepreneurs Guadeloupéen Eric Kourry et Patrick Vial Collet avec le soutien de l'Etat, fait couler beaucoup d'encre. Le vice-président d'Air Caraibes et président de French Bee, Marc Rochet s'insurge contre l'engagement du gouvernement dans le dossier du transport aérien avec des montants jugés démesurés. De son côté, le PDG de Corsair, Pascal de Izaguirre considère que l'Etat est dans son rôle rappelant que sa compagnie n'a pas eu mot à dire sur les aides apportées à Air Caraïbes dans le passé.

    Sauvetage Corsair : l'Etat est-il dans son rôle ?

L'annonce du soutien de l’État dans le plan de sauvetage de la compagnie aérienne Corsair, par un consortium d'investisseurs ultramarins n'est pas du goût de tout le monde.

Lors du Paris Air Forum, Marc Rochet avait déjà pointé du doigt les aides considérables accordées à la compagnie Air France. Aujourd'hui, le vice-président d'Air Caraïbes et Président de French Bee, s'insurge après l'annonce du plan de sauvetage validé pour la compagnie Corsair.

Une distorsion de concurrence pour Air Caraïbes

Selon la Tribune, l’État devrait en effet s'engager à hauteur de 141 millions d'euros dans ce plan de financement de 297 millions. Une somme jugée démesurée par Marc Rochet, comparée aux montants fournis par l’État pour aider les petits commerces à faire face à la crise du covid. Le dirigeant d'Air Caraïbes et French Bee voit d'un mauvais œil ce soutien de l’État qui risque, selon lui de mettre ses deux compagnies en difficulté.

Alors que le transport aérien traverse une grave crise, Air Caraïbes et French Bee, font elles figure de bonnes élèves cependant, l'aide financière de l’État à Air France et Corsair, pourrait créer un déséquilibre sur les dessertes ultramarines selon Marc Rochet qui parle de distorsion de concurrence. Le groupe Dubreuil n'entend pas à l'heure actuelle, porter plainte mais en attendant la validation de ce plan par le tribunal de commerce de Créteil et par Bruxelles, il met tout en œuvre pour conforter son positionnement d'acteur majeur sur les liaisons vers l'Outre-mer.

Air Caraïbes et French Bee devraient ainsi acquérir quatre A350-1000 d'ici à 2022 . En outre, la compagnie low-cost French Bee pourrait se positionner sur les Antilles aux cotés d'Air Caraibes, prenant ainsi le marché laissé vacant par les départ successifs de Norwegian Airlines, XL Airways et Level.

La réponse de Corsair à Air Caraïbes 

Pascal de Izaguirre PDG de Corsair se réjouit de ce plan de sauvetage. Pour lui, l’État est dans son rôle dans ce dossier, comme c'est le cas dans tous les pays du monde où de tels plans ont été mis en place pour venir en aide à des compagnies aériennes. Il s'agit pour le gouvernement de préserver les emplois et la concurrence sur ces dessertes selon le dirigeant de Corsair. Ce plan est conforme à ce qui se fait dans ce genre de dossier d'après Pascal de Izaguirre qui rappelle qu'Air Caraibes a dans le passé, « bénéficié d'un PGE et de moultes mesures de défiscalisation sans que Corsair ait trouvé à redire ». Il est important de maintenir une concurrence sur les liaisons ultramarines et offrir aux consommateurs le choix avec des tarifs compétitifs, insiste le PDG de Corsair.

Le rôle complexe de l'Etat

L'implication de l'Etat dans le secteur aérien a toujours été très scruté. Ainsi, en 2016, dans une enquête intitulée " L’ État et la compétitivité du transport aérien : un rôle complexe, une stratégie à élaborer" réalisée à la demande de la commission des finances du Sénat, la Cour constatait que l’État intervenait dans ce secteur "avec des objectifs contradictoires liés à ses multiples rôles".

Un rôle complexe qui exige d'accompagner la complémentarité des modes de transport, garantir la loyauté de la concurrence, préserver la continuité territoriale et lutter contre le « dumping » social. Le rapport préconisait huit recommandations afin d'améliorer l’efficience de l'action et les marges de manœuvre dans les domaines fiscaux et réglementaires. 


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