Comment expliquer les glissements de terrain qui se sont produits dans le nord Atlantique ?
Depuis une semaine, on dénombre plusieurs dizaines d'éboulis et de glissements de terrain dans le nord Atlantique de la Martinique. Toutes les communes entre le Robert et le Lorrain sont concernées.
Depuis vendredi dernier, les pluies intenses, parfois jusqu'à 300 mm en quelques heures, qui ont arrosé le territoire du Nord Atlantique ont provoqué des dizaines de glissements de terrain et d'éboulements. Au Vert Pré, des familles n'ont plus de chemin d'accès à leur maison tandis qu'à Sainte-Marie, 12 familles ont du être évacuées au quartier Saint-Jacques et la route nationale 1 s'est enfoncée d'un mètre dans le quartier. La circulation est donc impossible sur l'axe principal de ce secteur.
Autre image forte du week-end, ce glissement de terrain au quartier Bellevue, où un pan de morne a dérapé sur des centaines de mètres.
Ces mouvements de terrain dangereux et de grande ampleur sont dûs à la conjonction d'un triple phénomène. "Depuis plusieurs semaines, il y a de fortes pluies qui se sont abattues sur ce secteur et qui ont contribué à saturer les sols. Et puis les pluies exceptionnelles qui ont eu lieu depuis le week-end ont déclenché un certain nombre de glissements de terrain", explique d'abord Benoît Vittecoq, le directeur du BRGM en Martinique.
La nature du terrain est le troisième élément de ce triptyque dramatique. "Du Robert jusqu'au Marigot les formations géologiques sont très altérées. On a plusieurs dizaines de mètres d'argile avant d'avoir de la roche dure qui est plus en profondeur. Toute cette eau sur des terrains argileux fait que, passé un certain seuil, on a un déclenchement de glissement de terrain", ajoute-t-il.
D'ailleurs cette zone n'est pas la seule menacée par ce type de sinistre puisque "les sols argileux sensibles au retrait-gonflement (sols vertiques) couvrent un cinquième de l’île." Une nature des sols propre aux territoires volcaniques jeunes. "Les sols de la Martinique sont jeunes, de 1 000 à 100 000 ans et d’origine volcanique", d'après l'IRD.
Que peux-ton faire pour empêcher ces glissements de terrain ?
Ces catastrophes naturelles semblent inéluctables. Elles restent gravées dans les mémoires par leur caractère soudain et le sentiment d'impuissance qu'elles provoquent.
Pourtant, il existe de méthodes pour prévenir au maximum ces mouvements de terrain.
"Il y a plusieurs choses qui peuvent être faites", indique le directeur du BRGM. "À l'échelle de la parcelle d'abord, chaque propriétaire quand il construit sa maison doit avoir des études géotechniques et des fondations dimensionnées en fonction du terrain. Cela passe aussi par une gestion et une optimisation des eaux de pluies. Toutes les eaux de pluie doivent être gérées, drainées et ne pas être rejetées au pied de la parcelle", précise Benoît Vittecoq.
"Souvent, on observe des glissements de terrain parce que les eaux de pluies et les eaux d'assainissement ont engendré un petit glissement de terrain ou ont été rejetées sur la parcelle du voisin qui a eu des problèmes. Cette gestion des eaux de pluie doit aussi se faire à l'échelle du quartier, du bassin versant, pour limiter l'impact de ces gros évènements pluviométriques qui sont le déclencheur", rappelle-t-il.