Les nouveaux avocats de Kéziah Nuissier accusent le procureur d'être partial
Alors que Kéziah Nuissier doit être jugé le 9 novembre prochain pour violence sur personne dépositaire de l'autorité et que deux gendarmes doivent être renvoyés devant le tribunal militaire de Cayenne pour des violences à son encontre, ses deux nouveaux avocats ont décidé de contre-attaquer face au parquet.
Eddy Arneton, avocat notamment de l'artiste Kalash et le bâtonnier Rapahël Constant, sont les nouveaux avocats de Kéziah Nuissier, le jeune militant interpellé le 16 juillet dernier devant le commissariat central de Fort-de-France.
Exit donc Alex Ursulet et Dominique Monotuka et place à une nouvelle stratégie de défense. En effet, à une semaine du procès de Kéziah Nuissier pour violences sur personne dépositaire de l'autorité (9 novembre 2020), ses nouveaux conseils remettent en cause l'impartialité du parquet de cette affaire.
"Le procureur de la République est partial et malhonnête intellectuellement", attaque Eddy Arneton. "Toutes les pièces de la procédure démontrent qu'en vérité Kéziah est une partie civile. On a donc criminalisé une partie civile. On rend quelqu'un délinquant alors qu'il ne fait que se défendre", déclare l'avocat.
Plaintes en série
Pour lui, il existe des éléments dans le dossier qui prouveraient que ce sont les gendarmes qui ont porté en premier des coups à l'encontre de Kéziah. Il nie par ailleurs l'existence d'un coup de poing de Kéziah contre un gendarme, ce qui aurait légitimé son arrestation, comme l'indiquait Renaud Gaudeul, le procureur de la République le 20 octobre 2020. "Une plainte pour faux a été déposée à l'encontre de ces militaires et d'un fonctionnaire de police", révèle maître Arneton.
Concernant les violences subies par le jeune homme après son arrestation, maître Arneton assure que "si on tabasse Kéziah et qu'on l'emmène derrière un fourgon, ce n'est pas par hasard. Ils [les gendarmes et les policiers, ndlr] savaient pertinemment qu'ils auraient été à l'abri des regards".
Eddy Arneton conteste par ailleurs la crédibilité des enquêtes de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale et de l'inspection générale de la police nationale qui pointent du doigt le rôle de deux gendarmes dans les violences subies par Kéziah après son arrestation. Ces deux militaires doivent être jugés prochainement par le tribunal de Cayenne pour ces faits dans une procédure distincte. "Une saisine de l'inspection générale de la justice a été régularisée", assure l'avocat, qui estime que les deux enquêtes et les déclarations et les actes de Renaud Gaudeul doivent être revues par des inspecteurs indépendants.
Les conseils de Kéziah Nuissier ont également annoncé leur intention de porter plainte contre les médecins du CHU de la Martinique qui n'ont pas interrompu la garde à vue du jeune pour raisons médicales le 16 juillet dernier. "Il y a une complicité du CHU de la Meynard. Raison pour laquelle une plainte a été déposée à l'encontre des médecins, qui ne doivent pas porter ce nom, puisqu'ils ont été incapables de remplir leur mission en arrêtant la garde à vue et en laissant ce jeune homme rentrer chez lui", accuse encore l'avocat de Kéziah Nuissier.