Une étude aux Antilles sur l’impact psychologique du confinement sur les enfants
Quels que soient leurs profils, « tous les enfants » des Antilles ont pu être affectés psychologiquement par le confinement. C’est ce qu’indiquent les premiers résultats d’ une étude du comité scientifique du CMPP (centre médico-psycho-pédagogique) baptisée "Impact psychologique du confinement sur les enfants aux Antilles" et présentée ce lundi après-midi au CMPP, à Grand Camp, aux Abymes.
Cette étude du CMPP (centre médico-psycho-pédagogique) est basée sur 167 questionnaires, distribués à des familles au CHU, dans les CMPP, à l’école ou chez les médecins libéraux. Les équipes de psychologues et psychomotriciens ont analysé les réponses en distinguant les enfants déjà suivis sur le plan psychologique, les enfants sans profil à risque, mais en suivant aussi spécifiquement les enfants de soignants.
Il en ressort que «100% des enfants vulnérables, ayant déjà un suivi psychologique », ont souffert de troubles pendant le confinement, qu’ « environ 70% des enfants sans profil à risque » ont eu des troubles, ainsi que « 90 % des enfants de personnels soignants », précise Marina Blum, psychologue clinicienne, par ailleurs directeur médical du CMPP les Lucioles, médecin responsable d’unité fonctionnelle de pédopsychiatrie d’urgence et de liaison au CHU de Pointe-à-Pitre.
Les troubles varient en fonction de la catégorie des jeunes interrogés. Les enfants de soignants souffrent ainsi en majorité d’ « anxiété, la peur de voir maman tomber malade », a expliqué le docteur Blum.
Les enfants ayant déjà un suivi psychologique ont davantage présenté « une addiction aux écrans ».
Les troubles alimentaires, avec « une addiction au sucre » font aussi partie des troubles les plus répandus selon cette étude.
Quand consulter ?
Le docteur Blum, explique que le stress post-traumatique peut survenir même après le confinement, pendant une période assez longue. Il s’agit ainsi de repérer d’éventuels troubles de l’enfant : un enfant qui « change son comportement, il ne dort pas bien ou il dort trop, il mange trop sucré il a pris du poids par exemple 2 kilos en l’espace de 55 jours (NDLR : la durée du confinement en France), regardez si le travail scolaire est vraiment source de conflit, source d’angoisse, s’il pleure, s’il évite, s’il vous ment ».
Si l’un de ces troubles apparaît, il est important de consulter un médecin généraliste voire un psychologue, soulignent les spécialistes.
Le docteur Blum souligne aussi l’importance d’un sommeil « en qualité et quantité suffisantes » car « l’enfant grandit pendant le sommeil » et « si on ne dort pas bien on est beaucoup plus fragile ».
L’enfant heureux « mange bien, dort bien, il est souriant et quand vous lui dites la vie est belle ? Il répond oui la vie est belle sans réfléchir », explique encore le docteur Blum.
Plus de tentatives de suicide ?
Selon le docteur Blum, « pendant le confinement il y avait quelques actes de suicide (NDLR : de moins de 20 ans), mais c’était relativement calme et l’aggravation est apparue après le confinement. »
« On avait environ 2 ou 3 enfants par jour les premières semaines du déconfinement mais ce ne sont pas toujours des TS graves », a ainsi expliqué la psychologue, par ailleurs médecin responsable d’unité fonctionnelle de pédopsychiatrie d’urgence et de liaison au CHU de Pointe-à-Pitre.
« Cela montre une souffrance » et «c’est beaucoup dans le chantage affectif », souligne-t-elle encore.