22 mai 1848 : le destin de l’esclave Romain scelle l’abolition de l’esclavage
Aujourd'hui (22 mai 2020) marque l’anniversaire de l'abolition de l’esclavage en Martinique. Il y a 172 ans, en 1848, c’est le sort réservé à l’esclave Romain de l’habitation Duchamp qui a tout fait basculer. Rappel historique
Le roman national français a retenu que les esclaves martiniquais devaient leur liberté à Victor Schoelcher. L’abolitionniste a signé le décret d’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848. Un décret juste qui cache une injustice puisqu’il accorde réparation aux colons privés de leurs esclaves. Sur le terrain la réalité était tout autre. Les esclaves aidés par quelques libres de couleurs ont arraché leur liberté eux-mêmes. Cette libération intervient après une révolte durant laquelle le 1 pour tous, tous pour 1 a pris tout son sens.
Le contexte historique de l’époque. Le 22 mai 1848 est en fait l’aboutissement d’un processus de révolte engagé des décennies plus tôt. Plusieurs révoltes importantes ont lieu tout au long du 19e siècle. C’est notamment le cas au Carbet en 1832. En 1848, la tension est à son comble, les nègres marrons, des esclaves qui se sont échappés, s’attaquent aux habitations. A plusieurs endroits les captifs se soulèvent. Au niveau politique, des Martiniquais comme Cyril Bissette s’engagent pour l’abolition.
Mais comme dans tout mouvement révolutionnaire, c’est une étincelle a priori anodine qui déclenche tout. A Saint-Pierre la tension est à son comble. Le 22 mai l’esclave Romain de l’habitation Duchamp est arrêté pour avoir joué du tambour. L’instrument était perçu comme un moyen de communication pour propager la révolte. Les esclaves de son atelier n’acceptent pas cette injustice et commencent à se mobiliser. Pierre-Marie Porry-Papy, adjoint au maire de Saint-Pierre fait libérer Romain contre la volonté du maire. Une première victoire qui enflamme l’essence de la révolte. Le 23 mai le conseil municipal de Saint-Pierre vote l’abolition de l’esclavage en Martinique.
Quelques rendez-vous
RCI diffusera aujourd'hui de 11 heures à 12 h 15 sur Facebook et à l'antenne, une heure d'échanges et de performances pour une mémoire partagée. C'est la Fondation pour la mémoire de l'esclavage qui propose ce live facebook. Audrey Pulvar, Wendie Renard, Malcolm Ferdinand, Gilbert Pago, E.Sy Kennenga, Dédé St-Prix, Fabrice Di Falco et Joby Bernabé y prendront part sous la direction de Jean-Philippe Ludon.
Les Partis Patriotes ont eux décidé de procéder symboliquement en déposant une gerbe à Sainte Philomène au Prêcheur à 10 heures vendredi matin.
De leur côté, les activistes anti-colonialistes, engagés depuis plusieurs mois dans les boycotts des hypermarchés, ont prévu de se recueillir devant trois habitations (Fonds Saint-Jacques, Dillon et Clément).