Mort de Yolande Gabriel : l'ARS n'a rien à reprocher au médecin régulateur du Samu

Yolande Gabriel a agonisé durant plus d'une heure sur le carrelage de sa cuisine à Reuil-en-Brie. Pourtant, elle s'était rendue aux urgences quelques heures plus tôt. Elle avait signalé qu'elle souffrait de douleurs aux poumons. La Martiniquaise de 65 ans avait été renvoyée chez elle malgré des résultats d'analyse qui indiquait un problème.

À son domicile, elle avait appelé le SAMU. À l'autre bout du fil, un médecin régulateur particulièrement agacé avait répondu à la sexagénaire. "Mais putain, parlez dans le téléphone !", lui avait même lancé le professionnel de santé.

Des propos et une attitude que l'Agence Régionale de Santé d'Île-de-France s'est refusée à condamner. Près de trois ans après les faits, l'ARS a adressé à la fin du mois de mai un courrier à la famille dans lequel on peut lire ceci : "Concernant la prise en charge par le Samu, celle-ci est décrite conforme en terme médical, aux recommandations de bonnes pratiques. On ne peut que regretter vivement l’attitude du professionnel lors de l’échange téléphonique. Néanmoins, l’analyse montre que ce comportement n’a aucune influence sur la décision de prise en charge".

Une analyse qui enrage la famille de Yolande Gabriel. "La colère est toujours là. Elle est toujours bouillante. Le 21 août ça va faire trois ans qu'elle est décédée et on n'a pas ne serait-ce que le début d'un élément de réponse pour confirmer notre ressenti qui est que de graves fautes ont été commises dans cette prise en charge", dit Laura François.

"Ce courrier est quand même un peu favorable parce que pour ce qui est du médecin qui a laissé sortir maman à 3h30 du matin, l'ARS pointe clairement des dysfonctionnements", souligne Laura François.

Manifestation solitaire

Après avoir reçu la lettre de l'ARS, la fille de Yolande Gabriel s'est posté durant plusieurs heures ce lundi devant le ministère de la Santé à Paris.

Je me suis dit que peut être en me postant devant les lieux où officie François Braun, le ministre de la Santé, peut être que j'aurais une chance de le rencontrer. Malheureusement, ça n'a pas été le cas. Je suis restée plantée pendant plusieurs heures et le chef de cabinet du ministre a finalement daigné descendre pour me parler. La conversation a été assez lunaire, mais oui, le but, ce serait vraiment que le ministre de la Santé prenne la mesure de la gravité de ce qui s'est passé et qu'il puisse, à sa mesure, faire en sorte que le dossier aille plus vite

Laura François et sa soeur Christine ont porté plainte pour homicide involontaire et omission de porter secours au pénal. En juin 2022, un juge d'instruction a été saisi pour faire la lumière sur cette affaire. La famille de la sexagénaire attend toujours désespérément que la justice passe.