La grande crise sociale du 5 février 2009 : déjà près de dix ans

Par 05/02/2017 - 17:02 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:15

Cela fait, ce dimanche 05 février 2017, déjà huit ans qu'à l'appel du K5F, la Martinique était plongée dans une grave crise sociale sans précédent. Durant plusieurs semaines, l'activité économique de l'île était complètement paralysée. Que reste-t-il de ce grand mouvement social ?

    La grande crise sociale du 5 février 2009 : déjà près de dix ans
C'était le jeudi 5 février 2009. A l'appel d'un collectif nommé "K5F", un vaste mouvement social sans précédent embrasait la Martinique, après la Guadeloupe du LKP et sa figure de proue, Élie Domota.

Activités économiques complètement bloquées, barrages à l'entrée des zones industrielles et commerciales, pénurie d'essence, transports publics à l'arrêt, touristes désemparés, ce sont autant de faits qui ont marqué ces longues semaines de grève générale.

Il y a eu également ces longs cortèges de manifestants battant le pavé par milliers durant plusieurs heures à Fort-de-France et pendant plusieurs jours.

Il y a eu aussi de longues sessions de négociations en préfecture, des contre-manifestations de planteurs avec leurs engins agricoles, des barrages, des pillages de magasins, des échauffourées avec les forces de l'ordre.
Et parallèlement, de formidables expressions de solidarité pour en limiter les effets sur la population.

Une situation que d'aucuns avaient alors qualifiée de quasi insurrectionnelle entraînant d'ailleurs la venue du ministre des DOM et une concentration des projecteurs de la presse internationale sur ce chaudron.

Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?

Invité à s'exprimer sur l'antenne de RCI Martinique, l'historien et militant du GRS Gilbert Pago a estimé qu'il fallait avoir à cet égard, une vue lucide et une vue critique de ces événements de février 2009.

Il a estimé qu'il y avait eu "beaucoup d'erreurs qui ont été faites même si le mouvement était collectif et qui, un moment, a réuni quelque chose comme dix-sept organisations. Il y avait beaucoup de sectarisme entre les organisations, cela a joué et c'est cela qui joue toujours... Et ce n'est pas au moment où il y a une grande régression sociale au niveau du monde (Brexit, Donald Trump)... Et, c'est cette action collective qui avait permis d'avancer".

Gilbert Pago reconnait par ailleurs qu'il y a eu une forme de la désillusion chez certains qui pensaient qu'on n'avait pas obtenu grand chose. Il rappelle que sur une trentaine de points de revendications, on avait obtenu par exemple le gel des loyers HLM, c'est quand même 40 000 personnes. On avait obtenu une augmentation des salaires de 1,4, c'est quand même 60 000 personnes" concernées. On avait obtenu le gel du prix de l'eau et une baisse des prix sur 400 produits...

Au vu de ces résultats qui n'étaient pas rien quand même, il estime enfin qu'il y a là toute une situation qui montre que le bouillonnement n'avait pas été vain. Contrairement à ce qu'on dit, ça a été un mouvement extrêmement important.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Exprimez-vous à la rubrique "sondage" sur la "homepage".

Jean-Philippe Ludon, @jpludonrci.
propos recueillis par X. Chevalier.


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