Gardes de nuit : les pharmacies de Martinique en grève illimitée

Après plus d’un mois de mobilisation, le syndicat d’officine poursuit un mouvement de grève illimité, ce mercredi 13 août, pour dénoncer des mesures prises par le gouvernement en juin dernier. 

Elles concernent notamment la réduction de remise sur certains médicaments qui pourraient, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), fragiliser le réseau officine.

« C'est moins d'accès aux soins »

Pour les pharmaciens, cette décision met en péril la santé économique des officines et, par ricochet, l’accès aux soins. 
Léa Donardim, pharmacienne et présidente syndicat de la FSPF, a pris la parole. 

Pour l'instant, nous n'avons pas encore de réponse du gouvernement, mais dans la mesure où la rentrée parlementaire se fera en septembre, nous savons que nous sommes obligés de patienter jusqu'à cette date. Matignon a pris une décision brutale et unilatérale qui consiste à diminuer le montant des remises que nous avons sur certains de nos achats, ce qui impacte directement notre trésorerie. Notre modèle économique est de plus en plus fragilisé, ce qui entraîne ces fermetures. Moins de pharmacies, c'est moins d'accès aux soins pour la population.

Afin de limiter les perturbations dans les gardes et urgences, l’ARS et la préfecture ont instauré un dispositif de réquisition d’officines, via un arrêté préfectoral du 30 juin 2025. La liste actualisée des pharmacies concernées est disponible sur le site de l’ARS.

Des économies dangereuses 

Selon Léa Donardim, le mouvement trouve son origine dans un rapport qui vise à réduire les dépenses de santé.

Chaque année, il y a le comité de suivi de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie, l'ONDAM qui, le 18 juin, a émis une alerte sur un dépassement de l'ONDAM. À la suite, il y a eu un rapport qui a été fait sur l'audition de la ministre Mme Vautrin et de la ministre Mme De Montchalin, qui a proposé trois postes sur lesquels faire des économies: les arrêts maladie, les transports sanitaires, les médicaments, donc nous les pharmacies, qui est le report de la revalorisation des rémunérations des patients kinésithérapeutes et des médecins.

Une politique qui menacerait non seulement la profession mais aussi la qualité du service rendu aux patients.

J'insiste en priorité sur le problème des ruptures de médicaments parce que nous avons des baisses de prix sur des prix qui sont déjà parmi les plus bas en Europe, avec une augmentation du risque de rupture des médicaments. On peut également parler du fait qu'une officine en Martinique, c'est six salariés en moyenne. Donc, ce sont des emplois directs au nombre de 800 pour 130 officines. Ce sont des emplois qualifiés qui sont non délocalisables, qui sont implantés dans les quartiers, dans les campagnes au plus proche des populations. Parallèlement, on a des centaines d'emplois indirects liés à l'activité des officines. On a malheureusement de plus en plus ces fermetures et une dégradation de l'accès aux soins et par là même de l'attractivité pour le territoire.

Le syndicat FSPF précise que la pénurie touchant deux cartouches d’insuline du laboratoire Novo Nordisk ne concerne pas la Martinique. L’insularité permet en effet aux grossistes de constituer un stock de plusieurs semaines, contrairement à l’Hexagone.