Recours à la PMA : un parcours du combattant qui se complique encore en Martinique
Faire un enfant, un véritable parcours du combattant pour les couples ayant recours à la procréation médicalement assistée (PMA). Et la situation pourrait bien devenir encore plus difficile en Martinique pour les familles, où l’avenir du seul centre d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) est menacé.

Faire un enfant, un rêve simple pour certains, un véritable parcours du combattant pour d’autres.
En Martinique, les couples et les femmes ayant recours à la procréation médicalement assistée (PMA) se heurtent à de nombreux obstacles : délais d’attente, manque de spécialistes, incertitudes sur l’avenir du service.
Un parcours qui pourrait encore se compliquer avec les fortes incertitudes pesant sur le seul centre d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) de Martinique.
Anna D.V. est cofondatrice de l’association Bamp Martinique. A 36 ans, elle a une petite fille qui a tout juste un an. Anna a intégré le parcours PMA en Martinique en 2020. Et il a été parsemé d’écueils et de désillusions :
Arriver à un certain âge, on a envie de fonder sa famille et de transmettre. Les gens autour de vous ont des enfants et vous, ça n'arrive toujours pas. Tous les mois, on y met beaucoup d'espoirs et tous les mois, on a une énorme déception. J’ai été accompagnée par mon conjoint, mais dans le parcours de PMA, il y a des moments où on est très seul. Il y a des injections à faire tous les soirs pour les stimulations, des prises de sang à un moment donné tous les deux jours.
Il faut quand même savoir qu'il y a une chance sur quatre seulement de tomber enceinte. Même si la démarche médicale était bonne, on peut avoir un échec.
Après un long parcours de PMA, Anna est finalement tombée enceinte :
De bout à bout, notre fille est arrivée au bout de 4 ans et demi - 5 ans d'essais. J’avais fait deux FIV en Martinique et c'est la troisième qui a été concluante. On ne l'a pas fait à la Martinique. On a été transféré par le Centre de la PMA local en Métropole, à l'hôpital Cauchin. On n'a pas pu faire les déplacements ensemble. Au niveau de l'organisation, c'était très complexe. Au niveau de la gestion professionnelle, aussi. Au niveau financier, également.
Même si ça a été difficile, Anna est heureuse d’avoir persévéré :
C'est vraiment au moment où j'ai commencé à me dire que ce n'était pas grave et qu’il y a aussi une vie sans enfants que ça a marché. Ça vaut le coup de se lancer, ça vaut le coup d'essayer et il ne faut pas lâcher, tant qu'on a des options, tant qu'on a des possibilités, parce que ça finit souvent par payer au moment où on s'y attend le moins.
Luko, lui, malgré 6 ans en parcours PMA, n'a pas eu la même chance. Il raconte son périple et espère toujours une solution, avec sa compagne, pour avoir un enfant.
À ÉCOUTER Témoignage au micro de Florence Treuil, dans l'émission
Le seul centre de AMP menacé de fermeture
Alors que l’avenir du seul centre d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) de Martinique de l’île est menacé, le recours à la procréation médicalement assistée en Martinique semble plus compliqué que jamais.
L’activité est jugée insuffisante par le laboratoire Eurofins, faute de rentabilité, avec 456 patients pris en charge en 2024.
En décembre, les salariés ont été informés de la décision du laboratoire que ce centre fermerait ses portes fin mars.
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L’Agence régionale de santé (ARS) s’oppose fermement à la fermeture du centre d’APM.
Une pétition avait même été lancée pour soutenir son maintien sur le territoire.
L’activité prolongée d’un trimestre
Après discussions entre l’ARS, la Clinique St-Paul et Eurofins, un accord a été trouvé pour prolonger l’activité d’un trimestre, comme l’explique Fatia Nehal, conseillère technique aux affaires politiques et stratégiques de l’ARS :
A partir du moment où Eurofins a indiqué qu'il ne ferait plus d'inclusion à partir du 16 décembre, ça a été une grosse alerte et l'ARS a pris le dossier en indiquant à Eurofins qu'elle demande un délai. Eurofins a accepté ce délai. Il y aura inclusion jusqu'au mois de mars 2025.
Des pistes pour pérenniser l’activité
Fatia Nehal indique que des actions sont mises en œuvre et que des pistes sont envisagées pour pérenniser l’activité sur le territoire :
On souhaite vraiment trouver une issue favorable. Le but, c’est d’augmenter potentiellement le nombre de professionnels, des médecins, gynécologues, qui font les ponctions. La clinique est en train de travailler aux recrutements. La file active est présente, mais l'idée, c'est d'augmenter le nombre de ponctions pour pouvoir pérenniser cette activité sur le territoire. Et on pense que c'est faisable. Aller chercher les patients de la Guyane, ça permettrait aussi d’augmenter la file active. Et on travaille avec le PDG de la clinique Saint-Paul aussi à augmenter le nombre d'interventions au niveau des blocs opératoires.
« Trouver un autre laboratoire, une autre solution »
Si finalement le laboratoire Eurofins se retire, il faudra alors trouver un autre laboratoire, comme l’explique Fatia Nehal :
Je n'ose imaginer cette situation. La clinique, elle, continue son activité. Donc, ce qu'il faut, c'est trouver un laboratoire. Soit Eurofins, soit un autre. Ou alors voir avec la clinique de quelle manière on peut arriver à pérenniser cette activité. Nous sommes dans cet état d’esprit aujourd’hui. Il y aura de plus en plus de couples et de femmes qui auront besoin d’avoir accès à la PMA dans les années à venir. Ce sont des statistiques nationales. On est vraiment dans les starting-blocks. On travaille tous les jours à ce maintien avec les opérateurs
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