Elle dénonce une prise en charge inhumaine au CHU de Martinique

Par 27/01/2025 - 07:05 • Mis à jour le 27/01/2025 - 19:08

Après avoir attendu plus de 4 jours aux urgences pour se faire opérer d’une fracture au pied, Sylvie Javaloyes, âgée de 62 ans, dénonce de graves dysfonctionnements au sein de l’hôpital et interpelle les pouvoirs publics sur les conditions de travail du personnel.

    Elle dénonce une prise en charge inhumaine au CHU de Martinique
Photo d'illustration

Elle devait se faire opérer d’une fracture au pied, mais faute de lits dans le service, la sexagénaire a dû patienter sans pouvoir se nourrir convenablement ni aller aux toilettes.

Une expérience traumatisante

Elle est arrivée à l'hôpital dimanche 19 janvier. Elle en est ressortie le 24, complètement traumatisée. Si la première prise en charge de l'aggravante entorse aux pieds de Sylvie s'est bien passée, tout bascule lorsqu'elle doit passer au bloc opératoire. Pas de lit disponible, donc une attente interminable. Des couches en guise de toilettes, un sandwich et de l'eau en guise de repas. Aucune intimité.

Vous êtes sur un brancard, vous n'avez pas accès aux toilettes, vous ne pouvez pas vous laver, vous ne pouvez pas vous lever, vous ne pouvez pas boire, il n'y a pas à manger non plus. En fait, vous êtes dans un sas et on attend dans une promiscuité invraisemblable. Quand le brancardier est venu me chercher de façon impromptue, je n'étais même pas informé pour que je monte en salle d'opération. J'ai donc traversé l'intégralité des urgences. J'en ai pleuré parce qu'il y avait du monde partout dans les couloirs sur des brancards.

Ce ne sont pas les urgences qui sont mises en cause, mais bien le manque de lits dans les différents services, ce qui oblige les patients qui doivent être pris en charge à attendre très longtemps aux urgences sur des brancards.

Outre la promiscuité et l’atteinte à la dignité, Sylvie dénonce une grande mixité, où des femmes et hommes de tous les âges se côtoyaient, mais également des détenus. Certains vomissaient, d’autres criaient. Une expérience insoutenable, selon elle.

Sylvie était accompagnée de deux amis. Toutes les trois ont adressé des courriers à la direction de l'hôpital et à l'Agence régionale de santé pour dénoncer le manque de moyens et les conditions de travail plus que dégradées du personnel.

Des conditions de travail déplorables

L'une d'entre elles, Dominique Lhuilier, est d'ailleurs professeur de psychologie du travail. Elle se dit choquée.

Comment supporter, quand on est soignant, de faire ce qu'ils sont amenés à faire ? On devrait demander à toutes les organisations, les institutions qui s'occupent de veiller au respect du droit des personnes, au respect de la dignité des personnes. Je pense qu'il y a aussi une personne qui est spécialisée dans la visite des lieux d'enfermement. C'est un lieu d'enfermement, c'est devenu un espace carcéral à l'intérieur de l'hôpital.

De son côté, le personnel hospitalier se dit à bout. Infirmier à la Meynard depuis une dizaine d'années, cet homme qui souhaite rester anonyme affirme que la situation va de plus en plus mal. Soignants agressés, manque de moyens, plus de 100 passages aux urgences par jour. Le ras-le-bol est tangible et le burn-out guette.

Aux urgences, il y a un personnel qui essaie de se battre, mais qui aujourd'hui n'a pas les armes et qui, pour moi, est maltraité. Donc, en étant maltraités, ils ne peuvent que faire avec ce qu'ils ont.

Malgré les débrayages et autres alertes à la direction de la part du personnel, la situation à l'hôpital reste inchangée. Les soignants continuent d'exprimer leurs besoins d'être entendu et d'avoir assez d'infrastructures pour accueillir les patients.


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