Deux nouveaux outils pour la prise en charge psychiatrique en Martinique

Par 30/01/2024 - 13:02 • Mis à jour le 31/01/2024 - 05:07

Le Service d’accès aux soins psychiatriques (SAS) et l’Equipe de psychiatrie d’intervention et de crise (Epic) seront opérationnels dès ce jeudi 1er février. L’objectif : une meilleure prise en charge des urgences psychiatriques.

    Deux nouveaux outils pour la prise en charge psychiatrique en Martinique

Le Service d’accès aux soins psychiatriques (SAS) et l’Equipe de psychiatrie d’intervention et de crise (EPIC) ont été inaugurés, hier après-midi (lundi 29 janvier), au centre hospitalier Maurice Despinoy, à Mangot-Vulcin, au Lamentin.

Le SAS est une sorte de Samu psychiatrique et l’EPIC, une unité mobile pour gérer les situations de crise sur le terrain aux côtés des forces de l’ordre.

Agir plus efficacement

C’est un système innovant pour mutualiser les moyens et agir plus efficacement.

EPIC convention

Anne Bruant-Bisson, directrice de l’Agence régionale de Santé de Martinique, s’attend à une augmentation des appels au lancement de ces deux dispositifs.

Il va falloir évaluer ce dispositif. L'évaluation quantitative en fait partie. On va voir vraiment à quel besoin on répond exactement à six mois, neuf mois, un an. Et puis on verra aussi, en termes d'évaluation qualitative, le type de prise en charge qui a été fait. Est ce qu'on est aiguillé vers l'hôpital ? Est ce qu'on reste chez soi avec un soin adapté ? Est ce qu'on va dans d'autres structures d'accueil type soins de jour, mais quand même, retour à la maison en soirée. C'est ça qui va être intéressant aussi pour nous, pour adapter l'offre globale du territoire à la prise en charge de ces troubles.

Le Dr Sandra Flaquet, psychiatre, chef du pôle intersectoriel au centre hospitalier Maurice Despinoy, note que c’est l’aboutissement d’un projet qui date de 2019, mais avait été stoppé par la crise sanitaire.

C'est un grand jour pour la psychiatrie, mais également un grand jour pour la Martinique, notamment pour ses usagers qui ont besoin de nous. Il faut savoir qu'une personne sur quatre peut être concernée par une pathologie mentale et nous, on interviendra en cas de crise ou d'urgence.

Appel au 15

Composé de 15 personnes au total, le SAS et l’EPIC seront opérationnels dès ce jeudi 1er février. Le numéro d’appel reste le 15.

Le Dr Sandra Flaquet explique comment fonctionne le dispositif.

L'usager va appeler le 15, ça ne change pas. Son appel va être transféré vers le SAS psychiatrique, le service d'accès aux soins psychiatriques. C'est un infirmier spécialisé qui va répondre à son appel, qui fera appel également à un psychiatre. Et on va évaluer la situation, s'il faut intervenir, s'il faut aller évaluer sur place, et bien le SAS va déclencher l'équipe EPIC, l'équipe psychiatrique d'intervention et de crise qui va se déplacer sur tout le territoire de la Martinique. C'est une équipe qui est opérationnelle sept jours sur sept, de 10 à 20 heures. Donc c'est une équipe qui est conséquente, qui est formée à toutes les méthodes d'approche. Et l'objectif, c'est de permettre à tout un chacun d'accéder aux soins tout en permettant la sécurité de tous.

Un vrai besoin

Ce système, le premier aux Antilles, répond à un vrai besoin, selon le Dr Sandra Flaquet.

La situation aujourd'hui, c'est qu'en Martinique, malheureusement, on a des substances psychoactives qui circulent énormément. Je ne parle pas que de l'alcool ou du cannabis. Il y a d'autres substances comme le crack. Il y a beaucoup de précarité et les personnes parfois, alors qu'elles souffrent de maladies mentales, se retrouvent dans des situations d'isolement qui font que elles ont du mal à prendre leur traitement et à connaître leur maladie. Et finalement, la maladie progresse et ça donne malheureusement des situations de violence sur lesquelles il faut intervenir en urgence pour la sécurité de la personne elle-même, mais également de son entourage.

En Martinique, le taux de psychoses est deux fois plus important que dans l’Hexagone. Pour le Dr Flaquet, il y  avait urgence à mettre en place ce dispositif, qui devrait permettre une meilleure prise en charge.

Les familles appellent et leurs interlocuteurs leur répondent soit il faut appeler la gendarmerie, soit il faut appeler la police en fonction du secteur. Et puis finalement on a du mal à s'articuler. Aujourd'hui, on sera le trait d'union et on va pouvoir donner du corps et de la cohérence à la prise en charge.

L’objectif étant d’intervenir avant qu’il y ait des dommages (troubles à l’ordre public, violences, etc.).


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