Chlordécone : le collectif des ouvriers agricoles fait un nouveau recensement des maladies liées au pesticide

Par 21/10/2021 - 19:33 • Mis à jour le 21/10/2021 - 19:42

Le collectif des ouvriers agricoles empoisonnés aux pesticides a annoncé aujourd'hui (jeudi 21 octobre) le début d'une nouvelle enquête pour déterminer les maladies liées à l'exposition au chlordécone. Un projet qui débuterait en début 2022 et permettrait de montrer le lien entre le pesticide et certaines maladies.

    Chlordécone : le collectif des ouvriers agricoles fait un nouveau recensement des maladies liées au pesticide

Une nouvelle enquête et une unité de recherche

Au quartier Bochet au Lamentin aujourd'hui, le collectif des ouvriers agricoles avait réuni la presse pour présenter les différents projets en cours afin de résoudre au plus vite les problèmes de prises en charge des ouvriers, de traitement du chlordécone, et de dépistage. Trois axes déclinés au travers de trois initiatives.

Tout d'abord concernant la recherche. Le collectif des ouvriers agricoles empoisonnés aux pesticides collabore avec l'observatoire de la santé et le docteur Sylvie Merle, pour mener à bien une nouvelle enquête. Il s'agira de la première enquête à s'ouvrir uniquement sur les ouvriers agricoles, en fonction ou retraités, et leur famille. L'échantillon de population étudié sera prélevé sur l'ensemble du territoire martiniquais. La recherche, qui devrait débuter début 2022, devrait ainsi montrer le lien entre le chlordécone et les différentes pathologies telles que le cancer du colon, de la thyroïde, ou encore l'endométriose. Comme cela vient d'être reconnu pour le cancer de la prostate.

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Le deuxième axe d'action est la mise en place de l'unité de recherche sur le chlordécone au CHUM, qui se précise. Le collectif espère qu'elle sera opérationnelle au début de l'année prochaine. Elle sera composée de plusieurs médecins, gynécologues, psychologues, nutritionnistes pour rediriger les patients vers leurs problématiques propres. Et des recherches sur le chlordécone y seront menées. C'est ce qu'explique le président du collectif, Yvon Serenus :

Cette unité aura comme objectif d'avoir un système informatique très performant pour la recherche. On pourra faire des tests de dépistage dans cette unité. C'est important car pour l'instant, les prélèvements faits en Martinique doivent partir en France pour être analysés. Il y aura aussi des psychologues, des nutritionnistes, c'est important pour que les gens qui sont empoisonnés puissent modifier leur alimentation, tout le corps médical pour diriger d'après leur pathologie dans différents services du CHU

Enfin, le collectif des ouvriers agricoles a remis à tous les élus et aux institutions un "pacte pour une juste solution à l'empoisonnement de la population martiniquaise par le chlordécone". Un document qui demande notamment de reconnaître l'ensemble de la population martiniquaise comme victime de l'empoisonnement pour définir des solutions adaptée. Une démarche afin de mettre en place une politique de réparation dans le cadre d'une loi, et de changer de politique agricole en Martinique.

Et afin de s'assurer que ces principes soient suivis d'effets, le collectif met en place une pétition à retrouver en cliquant ici. 

Un accès réduit aux tests

Les travailleurs agricoles ont également soulevé le sujet du dépistage de chlordéconémie. Gratuits depuis le mois de mars, ils n'ont pas eu le plébiscite escompté. Seuls quelques centaines de volontaires s'y sont soumis. Et pour le collectif, ce sont les autorités et les employeurs qui sont en tord. Avec des horaires de dépistages uniquement du lundi au jeudi, le matin, avant 11 heures. Dans ces conditions, les ouvriers agricoles n'ont pas la possibilité de s'y rendre. C'est ce que souligne Patricia Moutenda, secrétaire du collectif des ouvriers agricoles :

Les ouvriers agricoles ne peuvent pas faire leur test de dépistage premièrement à cause de leurs patrons qui les empêchent d'aller faire leur test sous prétexte que s'ils le font, ils ne seront pas payés de leur journée. Deuxièmement, on ne peut faire le test que le matin du lundi au jeudi, donc nous avons essayé de voir avec l'ARS et la direction du travail, et à maintes reprises, il n'y a pas eu de solution pour qu'ils puissent faire le test, tout le monde nous renvoie au préfet

A cela s'ajoute le fait que de nombreuses personnes concernées par l'exposition au chlordécone vivent dans l'hexagone. Une grande réunion doit donc se tenir demain à Paris pour les Antillais de la capitale, afin de les informer sur le dépistage à la chlordéconémie, comme l'explique le président du collectif :

Il y a des Martiniquais qui sont en France et qui sont victimes du chlordécone, mais pour l'instant ils ne peuvent pas faire les tests, il faut venir en Martinique pour faire les tests. Ces gens là doivent avoir toutes les informations

 


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