Chlordécone : la sécurité sociale incite les ouvriers agricoles à faire reconnaître leur maladie professionnelle

Par 06/09/2021 - 15:54

Malgré la possibilité donnée aux ouvriers agricoles de faire reconnaître leurs maladies professionnelles liées à une exposition aux pesticides, très peu de démarches sont en cours à ce jour. La sécurité sociale a donc lancé une campagne d'information en envoyant des courriers aux personnes concernées.

    Chlordécone : la sécurité sociale incite les ouvriers agricoles à faire reconnaître leur maladie professionnelle

Des courriers pour inciter les ouvriers à lancer leurs démarches

Près de 7000 courriers ont été envoyés par les services de la Sécurité Sociale ces derniers jours dans le dossier chlordécone. L'objectif est d'inciter les ouvriers agricoles à ouvrir les démarches afin d'obtenir la reconnaissance de leurs maladies professionnelles liées à l'exposition aux pesticides, dont le chlordécone. Car très peu démarches ont été entamées par les possibles bénéficiaires jusqu'ici.

Dans ce courrier, on retrouve toute la procédure pour constituer un dossier de reconnaissance de maladie professionnelle. Une démarche également détaillée sur le site de la sécurité sociale, ameli.fr.

Pour ce faire, un certificat médical initial d'un médecin généraliste spécialiste est nécessaire, ainsi que tout les documents diagnostics associés. Ces documents sont transmis à la CGSS qui statue sur la reconnaissance ou non. Cette reconnaissance dépend en particulier de tableaux comme l'explique Julien Jacques, ingénieur conseil à la CGSS :

Il y a des maladies qui sont inscrites dans des tableaux. Quand tous les critères du tableau sont respectés, c'est à dire que la pathologie est bien citée, l'activité professionnelle est bien concernée, et que les délais de prise en charge sont bien dans le champ du tableau, la maladie peut être reconnue très facilement. Lorsqu'il y a des critères qui ne sont pas tout à fait établis, il y a un comité national qui statue

Si aucun tableau n'existe encore concernant une maladie, telle que le cancer de la prostate, la reconnaissance est tout de même possible. La personne concernée doit transmettre sa demande avec l'ensemble des pièces justificatives, et la caisse statue sur la reconnaissance ou non de la pathologie. 

Seulement 8 demandes instruites, et 2 demandes abouties

En septembre 2018, Emmanuel Macron en visite en Martinique ouvrait la voie à une reconnaissance pour les ouvriers agricoles, des maladies professionnelles liées à leur exposition aux pesticides et autre insecticides organochlorés. 

Mais 3 ans plus tard, seule une poignée des travailleurs agricoles ont vu leurs maladies prises en compte, comme le souligne l'ingénieur conseil à la CGSS :

Aujourd'hui, environ 8 demandes sont instruites, et 2 demandes ont fait l'objet d'une reconnaissance par rapport aux demandes qui sont effectuées. Il y a eu des demandes effectuées pour cancer de la prostate, endométriose, maladie de Parkinson et lymphome endocrinien

Une cellule d'accompagnement en cours de création

Une très faible quantité de demandes qui pourrait s'expliquer par la difficile élaboration de ces dossiers, s'apparentant à un parcours administratif bien complexe. C'est la raison pour laquelle le collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par le pesticide tente de constituer une cellule d'accompagnement des familles. C'est ce que précise Yvon Sérénus, le président du collectif des ouvriers agricoles empoisonnés par les pesticides : 

Ce n'est pas facile de trouver ces documents, alors on est en train de mettre en place une réflexion avec différents organismes pour donner de la fluidité et de la facilité dans ces dossiers

Une fois le dossier complet, il faut environ 3 mois pour son instruction si la maladie fait bien partie des tableaux des maladies professionnelles, et 3 mois de plus si elle n'est pas encore inscrite.
 

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