Intempéries : après le choc, le début des démarches pour les sinistrés

Par 23/11/2020 - 14:05 • Mis à jour le 24/11/2020 - 09:08

Plus de 160 familles ont été impactées par les intempéries dans le Nord Atlantique : un drame qui peut être difficile à vivre psychologiquement. Mais désormais commence la constitution des dossiers. Plusieurs fonds ont été débloqués, y compris pour les sinistrés non assurés.

    Intempéries : après le choc, le début des démarches pour les sinistrés

Près de 10 jours après les intempéries qui ont frappé la Martinique, le Nord Atlantique reste meurtri. Selon Météo France, les pluies diluviennes qui ont arrosé la Martinique du 5 au 16 novembre 2020 correspondent à des précipitations cycloniques. Aujourd'hui, on déplore le décès d'un homme, emporté par les eaux, des dizaines de glissement de terrain, 160 maisons endommagées ou détruites, deux axes routiers détruits partiellement et des milliers de Martiniquais privés d'eau potable.


Après la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle, les sinistrés peuvent désormais commencer à constituer leurs dossiers pour leurs assurances, comme l'explique Denis Précart, directeur adjoint du préfet. « La reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle permet de mettre en œuvre les assurances pour ceux qui sont assurés. On va pouvoir indemniser les biens meubles, par exemple le réfrigérateur, les biens immobiliers avec des conditions, il faut que ce soit la résidence principale, il faut que le particulier ait des difficultés financières, donc c'est très précis sur le plan de la mise en œuvre. »

Invité de la matinale de RCI, Denis Précart a rappelé qu'il existait également des dispositifs pour ceux qui ne sont pas assurés, comme le fonds de secours pour l'outremer, qui s'adresse aussi bien aux particuliers non assurés, qu'aux collectivités pour les biens qui ne sont pas assurables, ainsi que pour les entreprises artisanales ou familiales, et enfin les exploitants agricoles. De son côté, la Collectivité territoriale de la Martinique avait annoncé une aide de 250 000 euros pour ces sinistrés, une somme qui sera distribuée par le biais des CCAS, centres communaux d’action sociale.

« La mise en œuvre du fond de secours de l'outre-mer se déroule en plusieurs étapes » assure le directeur adjoint du préfet. « Nous avons les services de l'Etat qui sont mobilisés, qu'il s'agisse de la DEAL, de la DIECCTE, des sous-préfectures qui sont en lien avec des municipalités pour la partie des particuliers {...} pour pouvoir avoir déjà une estimation des préjudices subis, que nous puissions transmettre un dossier au ministère des outremers, pour un passage en commission qui va pouvoir décider des aides et de la répartition ».

La préfecture annonce être aujourd'hui dans la phase opérationnelle, grâce notamment aux procédures dématérialisées qui permettent d'accélérer s'agissant de la reconnaissance de catastrophe naturelle « pas mal de demandes de la part des municipalités ont été placées en commission interministérielle le 17 » explique encore Denis Précart.

 

Enfin, la préfecture conseille à tous les sinistrés et notamment les particuliers non assurés, de se rapprocher des centres communaux d'action sociale. Ces derniers pourront les aider à faire leurs déclarations et porter à leur connaissance les préjudices subis.

C'est notamment ce qui est fait dès aujourd'hui à Sainte-Marie, où  le CCAS a ouvert ses portes ce lundi 23 novembres pour aider les sinistrés à constituer leurs dossiers. Déjà 25 personnes s'étaient présentées ce lundi matin, sur les 149 familles concernées. Aujourd’hui, la commune est l'une des plus meurtries par ces intempéries, avec 49 maisons inhabitables, et 40 autres foyers à surveiller, en raison des mouvements de terrain qui continuent, plusieurs jours après le passage des pluies. Au total, ce sont 60 arrêtés d'évacuation qui ont été pris sur la commune.

Impact psychologique

Pour ces dizaines de personnes aujourd'hui obligées de quitter leur maison, ce drame est vécu comme un déchirement, et la douleur peut être vive, selon le professeur Louis Jehel. « Dans les appels que l'on reçoit à SOS Kriz » affirme le chef du service psychiatrie et  psychotraumatologie au CHUM,  « on observe clairement que ceux qui sont les plus impactés sont ceux qui avaient un attachement affectif supplémentaire à cette maison, qui était une maison de famille sur un terrain de famille et donc une histoire de la famille qui se trouve là déstabilisée et donc une blessure encore plus importante pour tous ceux qui avaient un attachement affectif, en plus du fait de perdre le lieu qui était un lieu de sécurité pour eux. »


Selon le professeur Jehel, il est important d'entourer ces personnes. « Pour pouvoir se détacher de ses liens avec les objets qui ont été perdus il faut identifier l'importance de cette perte et comment ils vont pouvoir reconstruire autre chose de nouveau, par rapport à cette situation qu'ils sont obligés de vivre. Donc il faut vraiment les soutenir les aider à accepter cette séparation brutale, et qu'ils sentent vraiment la solidarité autour d'eux, de la population et des institutions ».

 

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