Homicides en Martinique : Serge Letchimy écrit à Emmanuel Macron
Dans une lettre adressée ce vendredi à Emmanuel Macron, le président du conseil exécutif de la CTM, Serge Letchimy dénonce l'abandon de l'Etat face à la multiplication des homicides.

Combien de cadavres faudra-t-il encore compter avant que l'État ne regarde enfin la Martinique dans les yeux ? Combien de vies fauchées, de familles endeuillées, de balles tirées, de silences institutionnels assourdissants, avant que la République ne comprenne que nous sommes en guerre - une guerre que nous ne pouvons plus mener seuls ?
C'est ainsi que le président du conseil exécutif entame son courrier adressé au président de la République, Emmanuel Macron. Dans cette missive, il dénonce la faiblesse des réponses de l'Etat
Face à cela, les réponses de l'État relèvent trop souvent de la mesure symbolique, de l'affichage institutionnel, ou de l'incantation sécuritaire. Aujourd'hui, nous savons d'où vient la drogue, par où elle passe, où elle est stockée, comment elle circule et à qui clic profite. Les routes de la drogue sont connues, les méthodes repérées, les réseaux identifiés. Aujourd'hui, nous savons que les cartels colombiens et vénézuéliens ont fait de la Martinique une zone de transit stratégique entre les Amériques et l'Europe. Pour autant, les moyens mobilisés par l'Etat, s'ils existent bien, paraissent bien dérisoires face à l'envergure de la criminalité qu'ils sont censés endiguer, de méme que l'absence de stratégie forte, globale et coordonnée avec les pays de la Caraibe et des Amériques
Symptôme du désengagement de l'Etat
Serge Letchimy en profite pour rappeler la suppression des contres PEC, symptôme du désengagement de l'Etat en Martinique
Pire encore, dans ce contexte d'urgence, prés de 900 contrats PEC - Parcours Emploi Compétences ont été supprimés en Martinique pour l'année 2025. Cette décision est d'une brutalité inacceptable, alors méme que ces dispositifs permettent à des jeunes en rupture de retrouver un chemin vers l'insertion. Les maigres digues sociales qui nous permettaient encore de prévenir, un tant soit peu, les effets délétères de cette guerre silencieuse contre le narcotrafic sont en train d'être brisées.
Et de souligner l'impuissance des élus locaux
Sans outils réels, sans moyens renforcés, sans autonomie stratégique, les élus locaux sont laissés seuls face à ce fléau. Pire, ils se désengagent lassés d'être relégués à un rôle d'observateurs impuissants, seulement en capacité de soutenir les mères et pères qui pleurent leurs enfants
Il estime par ailleurs que les collectivités locales n'ont qu'un rôle de spectatrices
Les collectivités locales, faute de moyens, demeurent spectatrices impuissantes d'un drame qui s'épaissit jour après jour. La généralisation de la corruption, le sentiment d'injustice, d'impunité, le désespoir des familles, tout concourt à installer dans les esprits l'idée qu'il faudra recourir, tôt ou tard, à l'autodéfense. Ce serait là l'échec de la République.
Le président de l'Excutif local en appelle à un choc d'investissement auprès du chef de l'Etat.
L'action de l'Etat doit plus que jamais être à la hauteur de l'urgence : renforcement des moyens matériels et humains, sécurisation du port et de l'aéroport, renforcement de la coopération internationale, contrôle douanier systématisé, lutte contre le blanchiment de fonds et surtout, un choc d'investissement dans la prévention, l'éducation, l'insertion, la culture et la justice.
En guise de conclusion, Serge Letchimy sollicite un entretien avec Emmanuel Macron.
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