À Cap Nord, l'attribution du marché de l'eau provoque des remous

L'eau au menu de conseil communautaire de Cap Nord de ce jeudi. Pas à cause de coupure ou de la sècheresse, mais parce que les élus doivent voter l’approbation du choix de délégataire pour la production et la distribution de l’eau potable.

Il s'agit en d'autres termes de choisir l’entreprise qui va gérer l’eau pour le compte de la collectivité durant les 10 prochaines années. Deux entreprises étaient en compétition. Le délégataire sortant, la SME et la SAUR, en opération reconquête de parts de marché.

Depuis 4 ans et 9 mois, c’est la SME qui produit l’eau potable et traite les eaux usées pour le compte de CAP Nord. Cette filiale du groupe SUEZ est en effet devenue en 2019, le premier distributeur d’eau en Martinique, soit 30 communes sur 34. Elle détient jusqu'à présent le marché pour le sud de l’île.

La SME comptait bien conserver sa position de leader mais la SAUR qui avait peu à peu disparu du paysage martiniquais est revenu en force. Ce géant français, présent aussi à l’international, a depuis quelques années regagner des parts de marché aux Antilles. L'entreprise est présente en Guadeloupe, notamment sur la Basse-Terre, à Saint-Martin, ou encore à Saint-Barth. Il ne manquait plus qu’une offensive en Martinique.

Offre de prix agressive

Le moins que l’on puisse dire c’est que les dirigeants locaux ont mis le paquet. Selon nos informations, l’entreprise qui intervient à l’usine de Vivé, sur le territoire de Schoelcher et pour le PISE, aurait tout simplement cassé les prix pour obtenir le marché du Nord. Une stratégie déjà éprouvée avec succès en Guadeloupe. L'écart est estimé entre 10 à 15 millions d’euros, entre les deux propositions.

Autre fait marquant, ce marché est frappé par une certaine porosité et par le fait que des dirigeants de la SAUR se vanteraient depuis plusieurs semaines que les jeux sont faits, en leur faveur. Une attitude surprenante quand on sait que l’annonce doit être faite officiellement aux élus ce jeudi. Cap Nord s’est d'ailleurs appuyé sur un cabinet indépendant pour faire son choix.

A la SME, on estime ne pas combattre à armes égales et que leur prix, est celui de la réalité du terrain.

Les élus en ordre dispersé

Il semble que le président de CAP nord ne l’entende pas de cette oreille. Il privilégierait l’aspect purement économique. D’autres élus que nous avons contacté sont eux assez réservés. Le mieux disant sera-t-il gage de meilleur service ? s'interrogent-t-ils.

Certains élus en doutent et auraient d’ailleurs contacté leurs homologues de l’île sœur pour s’assurer du sérieux du possible futur délégataire.

D’autres ne nous ont pas caché qu’ils n’étaient pas non plus satisfaits de l’offre de la SME. Ceux-là continuent en parallèle à travailler sur la création d’une régie de l’eau à l’instar de leurs collègues de la CACEM.

Et de s'interroger sur la nécessité de donner de l’argent à des grands groupes alors que ces sommes pourraient être réinjectées dans le budget de la communauté d’agglomération.