CIOM : ce que pense la classe politique martiniquaise des annonces gouvernementales
Depuis hier, les réactions se multiplient après le catalogue de mesures gouvernementales destinées à améliorer le quotidien des habitants des Outre-mer. Les plus favorables comme les plus mitigés ont donné leur avis sur les débouchés du CIOM.
Le comité interministériel des Outre-mer qui s'est tenu hier à Paris a accouché de 72 mesures qui doivent en principe conduire à l'amélioration des conditions de vie des habitants des territoires ultramarins.
La grande messe gouvernementale qui a réuni 17 ministres autour d'Elisabeth Borne était scrutée de près par les élus de nos territoires, même par ceux qui disaient s'en désintéresser.
Quelques heures après la prise de parole de la Première ministre, les réactions se sont multipliées qui sur le réforme annoncée de l'octro de mer, qui sur la prolongation de la loi Letchimy, qui sur l'absence du thème sécurité parmi les mesures.
Catherine Conconne, sénatrice de Martinique, salue la méthode du gouvernement et notamment la prénennisation du CIOM.
Je trouve qu'il y a beaucoup de réponses apportées aux demandes des élus, qu'ils soient élus locaux ou parlementaires. La deuxième chose que je note, c'est qu'il y a une méthode qui est mise en place. D'abord, une méthode qui avait été mise en amont. On a quand même eu énormément de consultations pour l'élaboration de ce CIOM. Deuxièmement, la première ministre a annoncé que ce SIOM sera pérennisé et qu'on aura donc une réunion annuelle avec évaluation. Moi, j'y tiens beaucoup parce que souvent, il y a des dispositifs qui sont annoncés, des grands plans qui sont annoncés. Cinq ans plus tard, on ne sait pas où on en est.
Le député du Nord de la Martinique, Marcellin Nadeau a quant à lui redit se défiance vis à vis du gouvernement, que ce soit sur le fond ou sur la forme.
Que ça soit à la droite, à la gauche, on a les mêmes demi mesures, les semi mesures, les mesures approximatives et rien n'avance fondamentalement. Et même quand on nous promet... Ça veut dire qu'on nous promet un suivi interministériel. Ça veut dire que ce gouvernement, avec son appareil technocratique, n'avait aucun suivi interministériel des mesures prises. Bref, tout cela, pour moi, ça me paraît être très léger et c'est pour ça que nous avions dit que nous n'y croyions pas
Jiovanny William, député de la circonscription Centre-Atlantique préfère se placer en position d'observateur vigilant de l'action de l'Etat.
Les mesures qui ont été annoncées sont ambitieuses. Maintenant, il faut voir la réalité. Moi, je souhaite aller au delà des annonces et aller dans le concret. Il y a beaucoup d'annonces, mais moi, ce qui m'intéresse encore une fois, c'est le concret pour nos concitoyens. Pour ma part, j'ai travaillé sur la gratuité des manuels scolaires dans les écoles primaires où j'avais interpellé le ministre de l'Éducation nationale. C'est l'une des mesures qui a été annoncée.
Serge Letchimy, le président du conseil exécutif de la CTM, souhaitait voir la gouvernance du Grand Port Maritime de la Martinique figurer à l'ordre du jour du CIOM. Il n'a pas été entendu là dessus. Le leader de la majorité territoriale affiche néanmoins une certaine satisfaction après la présentation de l'exécutif. Il s'est notamment réjoui de la prorogation jusqu'en 2038 du décret d'application de la loi sur l'indivision qui porte son nom.
On a eu des réponses claires sur pas mal de sujets et des réponses à nos demandes. Ce n'est pas des choses qui viennent du haut et qui arrivent en Martinique comme une espèce de donation, d'assistanat. Ce sont des revendications qui, depuis un an, ont été débattues. On a présenté ça au congrès. On a eu beaucoup de négociations à Paris, ici, avec les acteurs économiques. Quelques exemples très précis sur l'autonomie alimentaire, sur la question du POSEI, qui est le fonds qui finance la diversification agricole et en même temps les monocultures. Quelles sont les répartitions ? Quelles sont les responsabilités ? Sur la question de la présence de la Martinique dans la zone Caraïbes et Amérique du Sud, l'adhésion à la Caricom, le retour à la Banque de développement de la Caraïbe. J'ai salué aussi le fait que la loi sur l'indivision qui a été votée en 2018, qui a été portée par moi même, cette loi soit prolongée en 2038
Le président de l'exécutif local a néanmoins assuré qu'il serait vigilant sur la mise en oeuvre des mesures
Il faut les mettre en application par des lois, par des décrets, par des dispositifs et on sera extrêmement vigilants sur toutes ces propositions La bataille continue parce que ce n'est pas demain matin que la précarité se terminera, la pauvreté va s'effacer ou les difficultés vont s'effacer. Nous continuons le combat et nous rentrons dans un processus puisque nous avons, à partir du 28 juillet, un congrès qui va enclencher le processus de réforme des institutions et d'évolution statutaire pour notre Martinique.
L'une des réformes phares annoncée par le gouvernement vise l'octroi de mer. Cette taxe qui a pour but de protéger la production industrielle locale mais aussi de financer les collectivités doit être repensée d'ici 2027. Une position qui fait réagir le monde économique. Pour Charles Larcher, vice-président de l’AMPI, l’Association martiniquaise pour la promotion de l’industrie, il faut être vigilant et préserver les emplois de l’Outre-mer.
Il est clair que pour nous, l'octroi de mer est un dispositif qui permet le financement des communes, qui permet la compensation des surcoûts du fait des producteurs local en outre mer. Donc, il est très important que dans les réflexions qui sont entamées, on fasse bien attention à ce qu'on ne détruise pas la production locale de l'outre mer et qu'on ne détruise pas les emplois de l'outre mer. Un exemple a été pris, celui du riz, du fait qu'en Martinique aujourd'hui, nous avons un transformateur de riz qui conditionne du riz, qui le transforme, donc pour le mettre sur le marché martiniquais. C'est une industrie martiniquaise qui regroupe 18 salariés. Aujourd'hui, si cette industrie se retrouve mise en difficulté, ce sont18 familles qui seront en difficulté. C'est comme si au national, on fermait une usine de 3 000 personnes
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