Meurtre de la petite Soraya : preuves contestées et souvenirs effacés

Par 23/06/2020 - 07:50

Le poignant procès de l'infanticide de la petite Soraya a repris hier matin devant la cour d'assises de la Martinique. Le matin, la défense a remis en cause plusieurs éléments de preuve dans le dossier avant l'audition frustrante de l'unique accusé, le père de la victime.

    Meurtre de la petite Soraya : preuves contestées et souvenirs effacés

Hier s'est tenue la troisième journée d'audience du procès de Simon Béroard devant la Cour d'Assises de la Martinique. Le trentenaire comparait libre pour le meurtre de sa fille Soraya, âgée de 6 mois au moment des faits en février 2010.

La matinée a été consacrée à la confrontation des deux expertises toxicologiques. La défense a pointé du doigt la grande incertitude qui entourait l'hypothèse d'absorption d'alcool par le bébé. Une première expertise visiblement erronée révélait un taux d'alcoolémie de 0,43g/ litre dans le sang de l'enfant.

Tandis qu'une autre ne révélait aucune trace d'alcool dans le sang du bébé, ni de trace d'éthanol dans les prélèvements analysés. Il est apparu devant la cour que l'alcool retrouvé correspondait en fait à des résidus issus d'un tube mal conditionné.

Un des experts qui a longuement travaillé sur ce dossier a été clair sur la deuxième expertise : "il est impossible qu'un enfant de 6 mois ait ingurgité de l'alcool, cette administration entraînerait un phénomène de refus et de régurgitation".

Un élément majeur puisque le premier rapport indiquait que le décès de Soraya était notamment lié à l'ingurgitation d'alcool.

La défense a également souligné longuement l'absence d'un oedème cérébral alors que cet élément essentiel était avancé ces derniers jours par l'accusation et les parties civiles.

Les dernières expertises n'ont pas clarifié cet élément. Aucun élément technique suffisant n'a permis de déterminer si un oedeme cérébral a été provoqué par l’étranglement de l'enfant.

Une audition frustrante

L'après midi, Simon Béroard était appelé à la barre. Devant les jurés, il a reconnu les violences physiques (coups, secousses et pression sur le cou de l'enfant). En revanche, concernant l'alcool donné pour endormir la petite Soraya et des raisons qui ont provoqué la fracture de la colonne vertébrale, l'accusé a été clair : « Tout ceci est de la supercherie ! […] Jamais je n'ai eu l'intention de tuer Soraya ».

À la barre, le père de la petite fille a reconnu avoir menti lors de sa garde à vue sur ces derniers éléments par peur.« J'ai tout fait pour aggraver mon cas. C'est vrai que j'ai entendu un léger craquement, mais je ne l'ai jamais plié », a-t-il déclaré.

Il a aussi admis n'avoir demandé de l'aide à personne pour pouvoir se débrouiller seul et ne pas paraître comme irresponsable malgré sa jeune expérience de père.

La présidente de la Cour et les avocates de la partie civile ont longuement insisté auprès de l'accusé pour qu'il revienne de manière détaillé sur les faits. Une mission qui a semblé impossible pour le mis en cause. Ce dernier a expliqué que 10 ans après les faits, il lui était très difficile de se remémorer. Simon Béroard a précisé à la cour qu'il a effectué un long travail avec le psychiatre pour occulter cette période douloureuse de sa vie.

Ce mardi sera consacré au réquisitoire du ministère public et aux plaidoiries de la partie civile et de la défense. Le verdict est attendu dans la soirée.


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