Cinq ans ferme pour l'aide-soignant violent

Par 22/03/2019 - 19:02 • Mis à jour le 18/06/2019 - 11:55

Le tribunal correctionnel de Créteil a condamné vendredi un aide-soignant martiniquais à 5 ans de prison ferme. Il était jugé pour violences sur une pensionnaire de la maison de retraite où il travaillait.

    Cinq ans ferme pour l'aide-soignant violent

Les faits, qui se sont produits dans un EHPAD d'Arcueil le mois dernier dernier, avaient suscité un vif émoi. C'est grâce à une caméra cachée dans la chambre d'une résidente de 98 ans que ses proches s'étaient rendus compte de ce qu'elle avait subi, après des mois de doutes.

Sur les vidéos, on voyait ainsi l'aide-soignant la gifler, l'attraper par les cheveux et l'insulter à plusieurs reprises, entre le 5 et le 7 février. Trois jours de violences en images que le tribunal a décidé de visionner à huis clos, pour respecter la dignité de la nonagénaire. Albert C, joséphin de 57 ans, avait évoqué un "pétage de plombs" devant les policiers mais n'aura finalement donné aucune explication lors de l'audience, malgré les questions insistantes du président. "Je ne sais pas pourquoi, si c'est la fatigue ou quoi...", a-t-il vaguement répondu aux questions, lui qui cumulait deux emplois. "Comment vous pouvez justifier ça, sur trois jours différents ?" "Je ne peux pas l'expliquer" a-t-il soutenu à plusieurs reprises depuis le box où ce père de famille qui vit dans l'Essonne est apparu en costume bleu, chemise blanche, petites lunettes et cheveux grisonnants.

Employé depuis 9 ans dans l'établissement où il était considéré comme un employé modèle, Albert C. a peu parlé, n'a pas reconnu l'ensemble des faits ni donné plus de détails, mais s'est excusé à plusieurs reprises auprès de la famille de la pensionnaire violentée.

Des "mots maladroits", une "absence totale d'empathie" et une "indifférence froide" selon l'avocate des proches de la nonagénaire qui a fait part de sa "frustration", de sa "colère" dans ce dossier. "Que ce monsieur arrête ce métier, qu'il ne travaille plus jamais avec des anciens !", a-t-elle plaidé.

L'avocat du groupe de résidences dont fait partie l'EHPAD, qui s'est constitué partie civile, a dénoncé de son côté "une agression d'une sauvagerie insupportable" et demandé "la manifestation de la vérité" pour l'ensemble des salariés, mettant en avant une responsabilité individuelle.

Au contraire, selon l'avocate du prévenu, il y a bien dans ce dossier une "responsabilité collective", signe d'une "crise des Ehpad en France" et son client en est le "bouc émissaire".

Pour le ministère public, le prévenu "s'est comporté de façon monstrueuse". "Il est sans pitié, quel genre d'homme faut-il être pour commettre ces faits ?" a lancé la procureure avant de requérir 5 ans de prison, dont 1 avec sursis, avec la peine complémentaire d'une interdiction définitive d'exercer une activité professionnelle en lien avec les personnes âgées.

Dans son délibéré, le tribunal a décidé d'aller au delà, avec la peine maximale, en raison de la gravité des faits : 5 ans de prison ferme. L'aide-soignant martiniquais a aussi interdiction définitive d'exercer cette activité professionnelle et de se rendre à Accueil, les lieux des faits, pendant trois ans.

"Justice a été rendue", a déclaré à la sortie de la salle d'audience, soulagée, l'une des filles de la pensionnaire qui vit aujourd'hui allongée en permanence.

Albert C. a dix jours pour faire appel.
 

 


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