Blanchiment aggravé : de lourdes peines requises contre Yan et Lionel Monplaisir
Jusqu’à 10 ans d’interdiction de gérer une entreprise pour le fils, 5 ans d’inéligibilité pour le père, ainsi que de grosses amendes financières : les réquisitions du procureur de la République de Fort-de-France pourraient être lourdes de conséquences, si elles sont suivies par le tribunal de Fort-de-France.
Juste avant la suspension d’audience, les réquisitions du procureur de la République de Fort-de-France ont laissé un grand froid dans la salle d’audience.
Dans l’affaire examinée depuis le début de la matinée, les sanctions demandées à l’encontre de Yan et Lionel Monplaisir sont très lourdes.
Contre l’actuel maire de Saint-Joseph, poursuivi pour « recel de détournement par liquidation, blanchiment aggravé » et acceptation d’un don non autorisé en pleine campagne électorale, le magistrat requiert une peine de 400 000 euros d’amende dont 100 000 avec sursis, une peine de 5 ans de prison avec sursis mais aussi une peine de 5 ans d’inéligibilité.
Contre son fils, Lionel, actuel président du groupe Monplaisir, le magistrat demande une peine de 500 000 euros d’amende, dont 100 000 avec sursis et l’interdiction de gérer une entreprise pendant 10 ans.
Pour la holding du groupe, la société MG Holding, personne morale poursuivie dans ce dossier, le parquet requiert 500 000 euros d’amende dont 400 000 avec sursis.
Un train de vie au crible
À l’audience, ce sont deux hommes très affectés par cette procédure judiciaire qui se sont présentés devant le tribunal.
À tour de rôle et sur la défensive, Lionel et Yan Monplaisir reviennent sur ce qui leur est reproché dans cette importante affaire financière.
Lionel Monplaisir reconnaît le montant de ses salaires jugés « excessifs » par les enquêteurs. Établis à 209 000 euros en 2018, ils auraient augmenté de 384% en 3 ans.
Le patron du groupe Monplaisir estime l’avoir mérité compte tenu du travail effectué pour le redressement des sociétés qu’il a pu opérer au fil des années.
Interrogé, il s’explique également sur les retraits de plusieurs milliers d’euros chaque mois avec la CB d’une des filiales. Il avait un accord avec le conseil d’administration, assure-t-il.
Mais le quadragénaire n’a pas agi pour s’enrichir mais pour faire face à ses dépenses personnelles et ses lourdes obligations fiscales.
Des dettes financières
Sur la question des flux bancaires adressés à Yan Monplaisir, il décrit des sommes destinées à aider son père sous le coup de graves difficultés financières entre un divorce onéreux et le remboursement des crédits contractés pour les campagnes électorales régionales et municipales.
La justice reproche aux deux hommes de n’avoir pas fait les choses dans les règles et notamment, de ne pas avoir établi de reconnaissances de dettes.
À maintes reprises, le maire de Saint-Joseph tente de blanchir son honneur à la barre. Il veut jouer la transparence et soutient n’avoir commis aucun acte frauduleux.
Yan Monplaisir exprime le sentiment « d’avoir été Sali dans la boue » avec des écoutes de sa vie privée. Il dénonce une machination judiciaire.
Des faits contestés par la Défense
Les quatre avocats de la Défense ont tous plaidé après avoir entendu les réquisitions du parquet.
Ils ont une autre lecture du dossier, de la situation financière de l'entreprise et de la gestion de Lionel Monplaisir. Pour eux, ce dernier a, dans les faits, réussi à réduire la dette et à décrocher des contrats supplémentaires sur les marchés publics.
Ils contestent la « banqueroute » reprochée au président du groupe et, dès lors, estiment aussi que le « recel de banqueroute » ne tient plus.
Maitre Jean-Yves Leborgne, avocat de Yan Monplaisir, considère que l'enquête est « extrêmement fragile » et les soupçons « sans fondement ».
Sur la forme, les avocats de la défense ont soulevé des exceptions de nullité dans la matinée. Pour Me Leborgne, seul avocat à avoir accepté de réagir à l'issue de l'audience, le fond du dossier pose aussi problème.
C'est le caractère prétendûment excessif d'une rémunération qui n'a porté préjudice à rien ni à personne qui est en cause. Le tribunal appréciera
À l'instar des autres avocats de la Défense, Me Murielle Renar-Legrand, avocate de Yan Monplaisir, évoque des « sanctions disproportionnées ». Pour elle, les réquisitions s'apparentent à « une mise à mort sociale, financière et politique » pour son client.
Le jugement est mis en délibéré au 13 novembre.
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