Affaire du chlordécone : les Martiniquais invités à se constituer parties civiles
Un groupe d’associations et un collectif d’avocats lancent une contre-attaque judiciaire et incitent chaque Martiniquais à remplir un formulaire mis à disposition, pour se déclarer victime des pesticides.
Impliquer la société dans la contre-attaque judiciaire dans l’affaire du chlordécone : c’est l’objectif que se sont fixé un groupe d’associations et un collectif d’avocats engagés contre le non-lieu prononcé dans le dossier d’empoisonnement de la population martiniquaise par le pesticide.
Les représentants de la trentaine d’organisations mobilisées se sont retrouvés ce mercredi matin au Téat Otonom Mawon, à Fort-de-France.
En amont d’une semaine de manifestations prévue du 22 au 28 octobre prochains, ils proposent à tous les Martiniquais de remplir un formulaire leur permettant de se constituer parties civiles auprès de la Justice.
Maître Raphaël Constant, l’un des avocats impliqués dans cette démarche, en précise les contours.
La structure propose à chaque Martiniquais de se constituer partie civile dans une procédure pénale parce que tous les Martiniquais sont victimes de la question des pesticides. Vous vivez en Martinique, vous buvez de l’eau, c’est des pesticides. Vous mangez des tubercules, c’est des pesticides… On dit à chaque Martiniquais de se battre pour la vérité et la justice. Et il est possible de le faire par le biais d’un formulaire à remplir, disponible auprès des associations ou via un site internet. Étant acquis que les avocats qui travaillent auprès de la structure sont prêts à le faire y compris au titre de l’aide juridictionnelle.
Les associations féministes prennent également à bras le corps ce combat de la population martiniquaise. Culture Egalité se porte partie civile. Georges Arnaud, membre de l’association féministe Culture Egalité, dénonce les conditions de travail des femmes ouvrières qui, pour certaines, évoluent encore sur des sols pollués tous les jours.
Nous payons plein pot cet empoisonnement au quotidien. C'est une injustice insupportable pour la population de la Martinique et les femmes en particulier. Il y a toute une politique à mettre pour que les travailleuses agricoles puissent travailler sur des terrains sains. Culture égalité va se porter partie civile ainsi que toutes ses membres. Il est important que toutes les femmes de Martinique se portent parties civiles. Pour nous, c'est un déni, une humiliation totale
Le 2 janvier dernier, après 16 ans d'instruction dans le scandale du chlordécone, ce pesticide utilisé aux Antilles dans les bananeraies de 1972 à 1993, les deux juges d'instruction parisiens ont prononcé un non-lieu dans ce dossier. Les parties civiles ont interjeté appel de cette décision auprès de la chambre de l'instruction.
FORMULAIRE À TÉLÉCHARGER ICI
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