Les syndicats enseignants et les parents pointent les difficultés des évaluations en primaire
Cette année, tous les élèves du CP au CM2 sont concernés par les évaluations de rentrée, qui s'étalent sur deux semaines, du 9 au 20 septembre prochain. Pour la communauté des parents d'élèves et du corps éducatif de Martinique, les évaluations nationales posent des problèmes. Les autorités académiques se veulent, elles, rassurantes.
Le dispositif des évaluations nationales a été mis en place à la rentrée 2018 par l'ancien ministre de l'Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer en CP puis en CE1, avant d'être instauré pour tous les niveaux en 2020.
Si l’activité d’évaluation est importante pour connaître l'évolution scolaire des élèves et pour les aider dans leurs apprentissages, les évaluations nationales, elles font débat du côté des syndicats d'enseignants.
Enseignants et parents pas favorables
C’est ce qu’explique Serge Baclet, secrétaire de la FSU Martinique.
Nous sommes contre pour la seule raison que ces évaluations sont là pour classer les élèves et les écoles. Je pense que nous ne sommes pas dans une concurrence entre les écoles parce qu'il faut permettre à chaque élève de réussir dans toutes les écoles. Il ne faut pas avoir une école qui réussit mieux qu'une autre. On a bien compris qu'il y aurait un problème, les parents vont tous se précipiter sur l'école qui réussit le mieux. Nous sommes contre ce genre de classement. Ce sont les évaluations sur un niveau, par exemple, niveau CM2 ou bien CM1. Dans ces évaluations, les élèves passent des matières, le français surtout et les mathématiques, et on va, à partir de leur niveau, mettre en place des classements. Les évaluations servent surtout à ça, à savoir où en sont les élèves. Ça ne sert pas à classer des élèves.
La mesure ne ravit pas non plus les parents d'élèves, comme Bruno Daniel, président de la FCPE Martinique.
Le résultat de l'évaluation ou des évaluations de l'an dernier était plus que catastrophique. Encore une fois, nous sommes en queue de peloton. La question que nous posons, c'est, qu'est-ce que l'on fait et que l’on peut faire ? Quand l'enfant s'en sort bien, c'est bien. Mais quand, effectivement, sur ces évaluations, on a déjà des enfants en difficulté et qu’on leur dit : « tu n’as pas réussi », comment est-ce qu'ils vont prendre les choses ? Ça peut être également fortement défavorable à leur niveau. Si, par contre, le discours est : « voilà les résultats, comment ferons-nous, que mettrons-nous en place pour effectivement améliorer les choses, pour que les résultats soient meilleurs ? Mais faut-il, encore une fois, qu'il y ait les moyens. Or, sans moyens, comment peut-on arriver à apporter des améliorations crédibles à ce niveau-là ?
Pour Carl Toussaint, secrétaire général du SE-Unsa, cette initiative requiert une logistique complexe et n'est pas adaptée aux besoins des élèves.
Nous nous opposons à cette généralisation et ceci pour plusieurs raisons. Tout d'abord, nous considérons que des évaluations doivent répondre avant tout aux besoins diagnostiqués par les enseignants dans leur classe et être discutées par les équipes et non imposées au niveau national. La tenue de ces évaluations se fait du 9 au 20 septembre, avec une remontée des résultats le 27. Ce temps très court accroît la charge de travail des collègues. Même si, au niveau national, nous avons obtenu une compensation de 6 heures. Dans ce contexte de rentrée, ça désorganise aussi le fonctionnement des écoles, en rendant très difficile le passage de certaines évaluations à titre individuel, puisque tous les collègues seront mobilisés. Ces évaluations sont relativement artificielles. Les livrets d'évaluation par tout un chacun, dont les parents, sont accessibles sur EduSchool, le site ministériel, et ceci durant les vacances. En conséquence, certains parents peuvent les préparer avec leurs enfants avant leur passation.
Mesurer les acquis pour mieux accompagner les élèves
De son côté, Léonce Belfan, directeur académique adjoint des services de l'éducation nationale (DAASEN) au rectorat de Martinique veut rappeler l'intérêt premier de ces évaluations et rassurer les familles.
C'est vrai qu'il peut y avoir des interrogations sur le principe de l'évaluation. Il ne faut pas que les parents soient, excusez-moi l'expression, stressés vis-à-vis de ces évaluations nationales qui, je le dis d'entrée, ne sont pas les enquêtes internationales dont vous avez déjà entendu parler, qui n'ont pas pour objectif d'accompagner directement l'élève, mais qui sont là pour des études comparatives par rapport à différents systèmes pédagogiques. Là, sur les évaluations nationales, les parents sont accompagnés par les enseignants. Nous avons aussi un site qui permet aux parents de comprendre un peu ce qui va se passer. L'idée, c'est vraiment de mesurer les acquis. Quand on dit un acquis, c'est quelque chose qui, aujourd'hui, fait partie du socle de l'enfant, sur lequel on n'a pas à revenir. Une fois que ces acquis sont validés, on sait comment poursuivre.
Sur la question de la possible charge de travail supplémentaire imposée aux enseignants, l'Académie dédramatise également :
Il s'agit d'une évaluation standardisée qui nous arrive du national, que tous les enfants de l'Hexagone, quel que soit le territoire français, passent. Ce sont des évaluations qui arrivent, qui sont données aux enseignants, qui doivent bien sûr les administrer, suivre les élèves durant ces évaluations et renseigner un serveur pour pouvoir avoir à la fin un profil des élèves. Les enseignants disposent de temps pour pouvoir assurer une correction à hauteur de six heures. Ce sont des heures qui ont été récupérées sur les heures qui étaient prévues, par exemple, sur les APC (les activités pédagogiques complémentaires ndlr). Mais il s'agit vraiment d'un réel outil pédagogique permettant aux enseignants de mieux prendre en charge les élèves.
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