L'inflation mondiale frappe le portefeuille des Martiniquais
Après une contraction de l'activité mondiale en 2020 liée aux confinements et à la pandémie, la croissance est de retour à l'échelle globale accompagnée de l'inflation dont les répercussions sont décelables en Martinique.
L'année 2022 démarre par une croissance économique forte et de l'inflation. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé en grande pompe une hausse de +7% du PIB (produit intérieur brut) pour l'année 2021. Un chiffre qui permet de retrouver des perspectives d'avant-crise, après une récession de 8% en 2020.
Mais l'inflation elle aussi, semble s'être envolée. Selon l'Insee, elle aurait atteint en décembre dernier un niveau très élevé de 2,8 % en glissement annuel.
Selon les économistes, l'inflation serait même plus élevée en Martinique, avec une moyenne de +4% d'octobre 2020 à novembre 2021, contre +3% dans l'hexagone sur la même période.
Globalement, les prix de l'énergie et des services suivent la même dynamique de chaque côté de l'Atlantique, avec une augmentation similaire.
Néanmoins deux secteurs se démarquent sur notre territoire.
Il y a d'abord l'alimentation. Après une très forte hausse sur l'île en 2020, liée notamment aux confinements et au coût du fret sur cette période, l'alimentation est revenue à un prix d'avant crise ici, alors que son coût a fortement augmenté dans l'hexagone, en 2021.
Il y a ensuite les biens manufacturés comme l'électroménager ou les meubles. Dans ce cas, la différence est nette avec une hausse de +2,6% pour la Martinique selon les premières estimations contre seulement +0,5% en France hexagonale. En cause notamment, la hausse des prix des matières premières et du fret. Des paramètres auxquels s'ajoute l'import.
La Martinique, en bout de chaîne, subit les augmentations et marges de chaque intermédiaire, depuis l'Asie, où les produits sont fabriqués, jusqu'aux Antilles.
Quelles perspectives pour 2022 ?
Les économistes sont plutôt optimistes. Pour la Banque centrale européenne, comme pour la banque de France, il s'agit d'une inflation temporaire. Selon ces institutions financières, ce pic aurait été atteint à la fin de l'année 2021.
De son côté, l'INSEE n'est pas aussi affirmatif. Pour l'institut, l'inflation se maintiendrait au-dessus de 2,5 % à horizon de la mi 2022.
L'inflation porte en elle le risque d'une hausse généralisée des salaires. Si de prime abord, cette perspective semble intéressante pour les consommateurs, elle comporte un effet pervers. En économie, on appelle ça la "boucle prix salaire". L'augmentation massive des salaires pour faire face à l'inflation peut continuer à alimenter la hausse généralisée des prix.
Et c'est une situation que l'on observe déjà dans quelques pays d'Europe. L'Allemagne augmente son smic de 20%, le salaire minimum également en hausse en Grande-Bretagne. En France pour le moment, seuls les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, en grande souffrance, sont aidés sur ce paramètre.
Quant à la Martinique, l'IEDOM craint des répercussions prochaines sur les consommateurs. Selon une étude réalisée par l'institut à la fin 2021, 75% des entreprises interrogées sur l'île envisagent de répercuter cette inflation sur leurs prix.
