Les finances de Saint-Pierre épinglées par la chambre régionale des comptes
La juridiction pointe le déficit prévisionnel du budget primitif de la ville : plus de 3 millions d’euros. De quoi attirer l'attention de l’autorité préfectorale.
Bras de fer entre élus et magistrats
3,300 millions d'euros, soit 35 % des recettes de fonctionnement. On se souvient que, déjà en 2018, un premier plan de redressement prévoyait un retour à l’équilibre financier en 2023. Les chiffres ne sont toutefois pas très encourageants. Ce que constate en effet la chambre régionale des comptes, c’est que la situation financière s’est même dégradée au cours des 3 dernières années.
Les magistrats précisent notamment que la municipalité n’aurait pas pris suffisamment de mesures pour résorber le déficit. Des arguments que le maire conteste, avant de rappeler que Saint-Pierre bénéficie du dispositif COROM, le Contrat de Redressement Outre-mer mis en place pour les communes. Et un dispositif que la ville dit suivre avec l’autorité préfectorale pour sortir la ville de ses difficultés financières.
La municipalité indique par ailleurs que pour le budget investissement, la juridiction aurait écarté, "à sa grande surprise", des recettes qui serait d’un montant de deux millions d’euros.
La pomme de discorde
Mais pour les magistrats de la chambre régionale des comptes, il ne fait aucun doute que c’est la dégradation de la section de fonctionnement qui a mis en difficulté les finances de la ville. Plus clairement, ce sont les dépenses de personnel qui sont pointées du doigt :
Les élus pierrotins, explique ainsi Patrick Barbaste, président de la chambre régionale des comptes, ont encore recruté, alors qu’ils avaient reçu des instructions pour réduire de deux tiers les effectifs. Ils devaient en effet licencier 89 agents sur les 141 en poste, et ne pas renouveler de contrats, une douzaine sur ces trois dernières années :
La commune a continué à embaucher du personnel, donc les dépenses de rémunération ont augmenté de façon très significative. Par rapport à 2017, c'est plus 22,8 %. Donc il y a incontestablement un problème. La commune ne suit pas les préconisations de la Chambre qui étaient fondées sur le non-remplacement des départs à la retraite, et des départs tout court d'ailleurs, ainsi que sur l'optimisation des effectifs au regard des services réellement rendus. La situation n'est absolument pas maîtrisée par la collectivité et c'est inquiétant à ce stade. De notre côté, on envisage une poursuite du plan bien au-delà de 2023.
À Saint-Pierre, comme d’ailleurs dans d’autres villes, on considère toutefois que la chambre régionale des comptes a souvent une approche trop arithmétique de la gestion des ressources humaines, en se contentant de pousser à la réduction des effectifs.
Ces recommandations ne seraient donc pas toujours prises en compte par les élus pour éviter, selon eux, "toute tension sociale". Il n'en demeure pas moins que c'est aujourd'hui l’autorité préfectorale qui va devoir superviser le budget des derniers mois de l’année 2022. Une situation qui va certainement obliger la mairie de Saint-Pierre à revoir à la baisse son budget investissement, et à faire l’impasse sur certains de ses projets.
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