En grande difficulté, les agriculteurs martiniquais face aux acteurs institutionnels

Par 11/01/2024 - 11:19 • Mis à jour le 11/01/2024 - 11:21

À l’initiative du député Marcellin Nadeau et de l’association de Défense des Intérêts des Petits Agriculteurs), une rencontre était organisée hier (mercredi 10 janvier) au Prêcheur entre les agriculteurs du Nord Caraïbe et de nombreux acteurs institutionnels, afin d’apporter des débuts de réponses aux multiples problématiques rencontrées.

    En grande difficulté, les agriculteurs martiniquais face aux acteurs institutionnels

L’agriculture martiniquaise est en crise depuis un certain temps et la frustration est bien réelle chez les professionnels du secteur. Qu’ils soient au stade de la formation, en activité ou même à la retraite, tous sont touchés par les dysfonctionnements de ce milieu.

Manque de foncier, de trésorerie, d’eau, apparition de maladies, de ravageurs, aide ou encore accompagnement défaillant (etc…), les problématiques sont nombreuses.

Guy Ruster, conseiller technique de la chambre d’agriculture de Martinique, dresse un constat assez inquiétant.

En ce moment, l’agriculture est un peu moribonde, en particulier à cause des problèmes de changements climatiques. Il y a beaucoup de difficultés et les agriculteurs ont besoin de beaucoup d’appuis techniques pour pouvoir sortir la tête de l’eau. Ils ont aussi besoin de beaucoup d’aides financières car il y a beaucoup de difficultés de trésorerie au sein de l’agriculture. Le système français est un mille-feuilles et à cause de toute cette paperasserie, les agriculteurs sont souvent découragés 

Outre problème du foncier, des aides, les agriculteurs sont aussi confrontés aux problèmes d’écoulement de leur production. Avec la guerre en Ukraine, le coût des intrants a, en plus, beaucoup augmenté et le prix d’achat, imposé par les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) ne suit pas. « Au final, ils ne s’en sortent pas », estime Guy Ruster.

Plus de 100 personnes

Pour tenter de faire évoluer la situation, plus de 100 personnes, majoritairement des agriculteurs ont pu échanger hier matin de 9h à 13h à la salle Félix Grelet au Prêcheur avec des représentants de différentes institutions telles que la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique), l’ASP (Agence de Services et de Paiement), la Chambre de l’agriculture, la Fredon, la DIPA (Défense des Intérêts des Petits Agriculteurs), la SAFER, ou encore la sous-préfète de Saint-Pierre.

rencontre agriculteurs

Marcellin Nadeau, député du nord de la Martinique, est à l’initiative de cette matinée avec la DIPA. Si concrètement, il y a encore des améliorations, ce temps d’échanges a pu, selon lui, porter ses fruits, en particulier grâce au format proposé.

Nous avons trouvé complètement pertinente l’idée de mettre en face à face ces agriculteurs qui se posent de multiples questions concernant de multiples organismes avec ces organismes. Bien sûr, toutes les réponses n’ont pas été apportées mais, sur l’existant, un certain nombre de réponses ont pu être apportées aux acteurs qui se posaient beaucoup de questions. Certaines choses vont aussi relever de mon action parlementaire 

rencontre agriculteurs à la salle Félix Grelet au Prêcheur

Ainsi, après un temps de questions générales, les participants ont pu ensuite s’entretenir personnellement avec les différents intervenants.

« Ma priorité : nourrir le peuple »

Pour Lucienne Page, la présidente de l’association DIPA, cette rencontre était nécessaire même si, selon elle, le chemin est encore long.

En ce moment, ce que veulent les agriculteurs, c’est que les instances se mettent d’accord pour pouvoir trouver un consensus et notre permettre de travailler correctement pour nourrir la population. Il faut s’assoir et travailler ensemble pour redynamiser l’agriculture ! Avec les contacts de ce mercredi, les agriculteurs vont se regrouper et travailler pour savoir comment s’orienter 

De jeunes agriculteurs ou des agriculteurs en devenir étaient également présents. C’est le cas de Cyril Célestin, étudiant au CFPPA de Rivière-Pilote. Il explique la raison de sa présence.

Pour nous, c’est très enrichissant, ça nous permet de voir l’envers du décor. Moi qui me positionne comme futur agriculteur, je me rends compte des difficultés du métier, que ce soit sur le terrain avec les différents acteurs. Cela m’aide à me positionner sur le choix de cultures que je pourrais faire, sur les méthodes que je vais mettre en place. Ce n'est pas réjouissant mais, en me lançant, j’avais confiance des difficultés. Maintenant, c’est la passion pour la terre et les bêtes. Et, en second lieu, je suis pour l’autonomie alimentaire, la liberté de pouvoir consommer local, de ne plus dépendre de l’Hexagone et de pouvoir nourrir le peuple 

À ECOUTER Le reportage d’Yva Gelin

 


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