Deux jours de travaux sur la domestication du cochon créole
Le type génétique du cochon créole est menacé de disparition. Le Parc Naturel de Martinique travaille depuis plusieurs années à développer l'élevage de cette variété porcine. Deux jours d'échanges y ont été consacrés.
Depuis 2016, le Parc Naturel Régional de la Martinique s’est engagé dans la conservation et la valorisation du porc créole. En collaboration avec l’INRAE, l’Institut National pour le Recherche et l’environnement, le PNRM s’est entouré de plusieurs acteurs de la filière porcine pour co-construire une filière locale d’excellence.
L’expérimentation d’élevage de ces animaux par des éleveurs indépendants depuis 2016 démontre aujourd’hui qu'il est possible de sauver la race et de préserver la qualité exceptionnelle de sa viande
Jean Monfort, président de la commission développement durable, agriculture au parc naturel régional de la Martinique, explique la relance de cette expérimentation :
On a fait goûter le porc, on a fait de la production avec les éleveurs et on a pu vendre ces porcs lors des marchés que nous avons organisés à Noëls. L'accueil a été phénoménal. Ça veut dire que les gens recherchent la qualité de ce porc. On a voulu relancer cette production pour faire vraiment un produit de niche. Parce que notre objectif, ce n'est pas rester uniquement sur l'aspect commun, on mange du ragoût de porc. On va aller plus loin, c'est-à-dire faire du jambon dans des rillettes, des saucisses, etc. D'autres produits dérivés du porc. C'est ça l'objectif qui fait qu'on relance cette action avec des producteurs qui étaient déjà dedans ou d'autres producteurs qui veulent rentrer dedans pour bien organiser des choses. Maintenant, on va le faire avec la Chambre d'agriculture. Ce sont eux qui auront la responsabilité de tout l'aspect technique, itinérotechnique de cette production. Aller prendre un cochon sur la montagne et le mettre dans son élevage, c'est non. C'est un élevage qui sera contrôlé, qui sera analysé par des chercheurs et qui sera chaque année qu'on va avoir un compte rendu par ces chercheurs pour avoir l'aspect qualitatif, mais aussi l'aspect génétique
Une thése consacrée au cochon créole
Institutions de l’environnement, éleveurs, coopératives de chasseurs de porcs créoles étaient réunis sur deux journées au Morne Rouge et au François. Les résultats des premières expérimentations et les attentes sur celles à venir ont été abordés.
Ce sujet est l'objet de la thèse de Nicolas Dégras, doctorant Antilles-Guyane à l’INRAE. Il travaille sur un projet de science participative dont l’objectif est de gérer le cochon créole de Martinique.
On a fait tout d'abord en premier atelier de façon à ce qu'on puisse identifier les types de gestion de cette population qui a une valeur patrimoniale. Ce porc sauvage est à la fois inuisible, c'est-à-dire qu'il va causer des dégâts sur les exploitations agricoles et aussi sur la biodiversité, et il est aussi à la fois une ressource pour les communautés du Nord, puisque c'est un animal qui est chassé et dont la viande est reconnue comme ayant une qualité exceptionnelle. Il y a déjà dans ces pratiques de chasse qui sont réalisé dans le Nord, des captures et des phases de domestication. C'est toujours en lien avec ce projet de redomestication. Ma thèse porte sur la gestion de cette population aussi
Il explique l’objectif de ces deux jours de travaux à son niveau :
Il s'agissait d'inviter tous les acteurs de la filière porcine qui faisaient partie de ce projet de redomestication, de façon à pouvoir identifier des stratégies d'élevage qui pourraient être adaptées pour ce porc créole, de façon à pouvoir faciliter son utilisation dans les élevages martiniquais et les exploitations familiales. In fine, c'est vraiment d'avoir un produit de niche. Si on arrive à trouver un avantage économique, on va donner une bonne raison aux agriculteurs de réutiliser ce porc créole qui, aujourd'hui, est menacé d'abandon
« Rien à envier au Pata Negra »
Mathurin Pajoul, agriculteur à Fort-de-France, a participé à la phase de domestication du porc créole de Martinique :
C'est un projet auquel tiens beaucoup. C'est un projet qui me plaît énormément parce que je sais de quoi on parle. On a aussi une clientèle qui nous suit pendant trois ans, qui fait le marché et on a retrouvé de la clientèle. Alors moi, ça m'a intéressé. Avec ce cochon-là on a du goût, on a de la saveur, on n'a rien à envier au cochon d'Espagne qu'on connaît, Pata Negra. J'ai été le premier éleveur du cochon créole. Aujourd'hui, on a beaucoup plus d'acteurs au niveau de l'agriculture qui vont faire partie de l'expérimentation et ça nous permet de discuter entre nous pour échanger. Il faudrait dans l'avenir, voire même discuter avec les enfants parce que c'est là, c'est dès l'école qu'il faut les éduquer, déjà, sur les races créoles qu'on a
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