35 salariés de l’hôtel Batelière créent une SCOP pour reprendre la structure
Alors que leur outil de travail est en redressement judiciaire depuis début août, plusieurs salariés se mobilisent pour proposer un projet de reprise. Les détails ici.
Yan Monplaisir a désormais un concurrent pour la reprise de l'hôtel Batelière. Hier matin (mercredi 11 septembre), à la maison des syndicats, au côté de la CDMT, la SCOP (Société Coopérative et Participative) montée par des salariés de l'hôtel Batelière a été présentée. Cette structure permet que l'hôtel soit géré par ses propres salariés.
Ils sont aujourd’hui au nombre de 35 et se sont fait accompagner par un promoteur en immobilier. Le projet de reprise par la SCOP prévoit des rénovations et une restructuration de l'hôtel.
Le dossier doit être déposé avant le 19 septembre au tribunal. Pour rappel, l'hôtel La Batelière a été placé en redressement judiciaire le 6 août dernier.
Thomas Adèle-Amélie, salarié de l'hôtel, explique pourquoi le choix de la SCOP.
On a vu pas mal d'actionnaires passer mais la ligne a toujours été la même, c'est-à-dire une ligne descendante. Et pourtant, le personnel a continué à se battre, il a un savoir-faire, une motivation et de l'expérience. Aujourd'hui, les « Bateliers », ce sont les salariés. C'est eux qui doivent mener l'hôtel là où il doit aller. Et pour se faire la meilleure structure possible, c'est la SCOP. Le problème majeur de l'hôtel, il repose sur son manque de rénovation. Le principal point de notre projet, c’est la rénovation complète de l'hôtel en suivant des étapes que nous nous sommes fixées. Notre viabilité financière, elle a été prouvée. Notre projet répond à plusieurs critères des Fonds Européens. Nous avons été aiguillés par des membres des différentes collectivités qui nous ont pu nous guider. On sait qu'on répond à ces critères qui peuvent nous ouvrir jusqu'à 60% en moyenne de notre projet. Et derrière ça, nous avons fait appel aux banques, en plus de nos investisseurs qui se joignent au projet
Des salariés accompagnés
Jimix Banidol, entrepreneur de l’immobilier et entrepreneur des résidences hôtelières, est présent dans la SCOP. Il accompagne les salariés dans le projet de reprise de l’hôtel.
L’idée, c'est de reprendre ce qui s'est passé et de l'emmener vers un meilleur, avec du personnel compétent, avec justement les travaux nécessaires et des prestations dignes de ce nom. La SCOP, pour moi, est une position d'outsider. Ce n'est pas un profil habituel, mais franchement, pour moi, elle comporte un certain nombre d'avantages. Parce qu'on a des personnes qui se battent, d'une part pour sauver leur emploi, deuxièmement, pour sauver un patrimoine qu'ils aiment et pour lequel ils se sont montrés à de nombreuses fois volontaires. Et justement, cette détermination et cette expérience qu'ils ont des lieux, cette connaissance des lieux qu'ils ont, n'est pas négligeable. Cela permet justement de raccourcir pas mal de choses. C'est à travers ce mouvement collectif que l'on peut changer les choses et sauvegarder notre patrimoine.
Autre nouveauté prévue par la SCOP : les brigades, comme l’explique Jimix Banidol.
Ce qui est important, c'est d'avoir dans la SCOP une équipe de compétences. L'idée que l'on a, c'est de monter des brigades aux différents services. Le mot brigade intègre de la discipline, de la compétence à la prestation pour servir le client dans les meilleures conditions possibles. C'est ce qui représente et justifie justement ces quatre ou cinq étoiles. Une brigade, c'est une équipe qui est montée par un chef, donc un chef d'équipe, et en fin de compte, qui obéit à une ligne dans le geste, dans la manière, dans l'attitude que l'on veut irréprochable.
Pour Philippe Pierre-Charles, conseiller exécutif du syndicat de la CDMT (Centrale Démocratique Martiniquaise du Travail), la structure de la SCOP est une innovation qui mérite d’être choisie par le tribunal. Ce serait la première fois en Martinique.
C'est une forme d'économie sociale et solidaire que la CDMT a toujours prônée et défend. Il s'agit de savoir si le tribunal qui devra se pencher sur la suite va comprendre l'intérêt de cette chose-là. En tout cas, c'est ça l'espoir que nous avons et c'est pour ça que nous estimons qu'il faut soutenir totalement cette initiative derrière laquelle il y a des jeunes impliqués. Nous avons déjà eu des tentatives mais elles se heurtent parfois au scepticisme, parfois à des politiques qui n'ont pas forcément soutenu. Ils ont même quelquefois découragé l’initiative. Ce coup-ci, il y a une chance plus forte, plus grande. En tout cas, le dossier vaut la peine d'être soutenu et le tribunal, s'il est raisonnable, devra donner cette chance aux salariés.
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